Le partenariat entre Pernod Ricard et le Paris Saint-Germain a déclenché une véritable tempête du côté de Marseille, ville emblématique du pastis et du groupe Pernod Ricard. Alors que le célèbre producteur de spiritueux a toujours revendiqué son enracinement dans la cité phocéenne, cet accord avec le club parisien, rival historique de l’OM, passe mal auprès des supporters marseillais. Une alliance qui semble trahir les valeurs locales et qui suscite une vague de mécontentement.
Un partenariat qui bouscule les traditions
Pernod Ricard, groupe mondialement reconnu pour ses marques de spiritueux, a récemment signé un partenariat avec le Paris Saint-Germain (PSG), l’un des clubs de football les plus influents et les plus riches du monde. Cet accord, d’une durée de quatre ans, concerne l’ensemble des équipes du PSG, notamment le football masculin et féminin ainsi que l’équipe de handball. À travers ce contrat, Pernod Ricard devient le fournisseur officiel de champagne et de spiritueux du club pour les événements internationaux.
Cependant, cette alliance a provoqué un choc à Marseille, où le Ricard, apéritif emblématique du sud, est bien plus qu’une simple boisson : c’est un symbole culturel. Pour de nombreux Marseillais, voir une marque qui incarne si profondément leur identité locale s’associer avec le rival historique de leur club, l’OM, est un coup dur. Rapidement, des hashtags comme #BoycottPernodRicard ont émergé sur les réseaux sociaux, témoignant du mécontentement populaire.
Le mécontentement des supporters marseillais ne s’est pas fait attendre. Certains considèrent ce partenariat comme une trahison pure et simple. Le leader des South Winners, un groupe de supporters emblématiques de l’OM, a rapidement appelé au boycott des produits du groupe. De nombreux fans se sont exprimés sur les réseaux sociaux, dénonçant une décision qui met les intérêts économiques du groupe au-dessus des valeurs locales. Des slogans ont été modifiés en réaction à cet accord, comme la célèbre ritournelle marseillaise « 51 je t’aime », transformée en « 51 je t’aimais » pour marquer le désaveu des fans.
Parmi les voix qui se sont élevées, celle de Lorraine Ricard, petite-fille du fondateur Paul Ricard, a particulièrement marqué les esprits. Dans un message cinglant publié sur les réseaux sociaux, elle a exprimé son désarroi face à cette décision. Elle a rappelé que la marque Ricard, si chère aux Marseillais, semblait oublier ses racines en s’associant à un club parisien. Pour elle, cette alliance est une trahison de l’héritage familial et des valeurs portées par la marque depuis sa création en 1932.
Une stratégie marketing risquée ?
Si cet accord est avant tout une opération à dimension internationale, il n’en reste pas moins qu’il met à mal la relation entre Pernod Ricard et une partie de ses consommateurs historiques. En effet, l’accord avec le PSG concerne principalement les marques de champagne et de spiritueux du groupe, et les actions de partenariat seront majoritairement menées à l’étranger, dans des pays comme les États-Unis, le Brésil ou encore la Corée. Le groupe a précisé qu’il n’était pas question de voir la marque Ricard associée directement aux couleurs du PSG, ni en France, où la loi Evin encadre strictement la promotion des boissons alcoolisées.
Malgré ces précisions, le lien entre Ricard et Marseille est si fort que, dans l’imaginaire collectif, le rapprochement entre Pernod Ricard et le PSG paraît inévitable. Géraldine Michel, professeure à l’IAE Paris-Sorbonne, explique que la réaction des consommateurs est légitime : quand on pense à Ricard, on pense à Marseille, et cet enracinement territorial fait partie de l’identité de la marque. Il est donc difficile pour les Marseillais d’accepter une telle association, même si elle ne concerne pas directement le pastis.
Si l’annonce a créé une incompréhension en France, notamment à Marseille, le groupe Pernod Ricard se défend en expliquant que ce partenariat avec le PSG est crucial pour continuer à développer son image à l’international. Avec la baisse de la consommation de vins et spiritueux en France, il est impératif pour la société d’élargir sa base de clients potentiels. Le PSG, grâce à son rayonnement mondial, permet d’atteindre des millions de consommateurs à travers le monde, ce qu’aucun autre club français ne peut offrir.
Cependant, Hervé Remaud, professeur de marketing à Kedge Business School, suggère que le groupe aurait dû anticiper ces réactions et mieux communiquer sur la nature du partenariat. Le fait de ne pas avoir clairement expliqué dès le départ que Ricard ne serait pas directement associé au PSG a contribué à alimenter la polémique.