Pourquoi Léon Marchand repousse son passage au crawl

Léon Marchand impressionne, fascine et intrigue. Triple champion du monde et quadruple médaillé olympique, il aurait pu profiter de cette saison post-olympique pour expérimenter de nouvelles distances. Mais à Singapour, aux Mondiaux 2025, le Toulousain reste fidèle à ses habitudes : le crawl attendra. Pourquoi ce choix alors que tous l’attendaient sur 200 ou 400 m nage libre ? Éclairage sur une stratégie aussi prudente qu’ambitieuse.
leon marchand crawl

Un programme réduit pour mieux respirer après les JO

À Singapour, Léon Marchand ne nage que le 200 m et le 400 m quatre nages. Pas de brasse, pas de papillon, et surtout, aucune trace de la nage libre. Une décision mûrement réfléchie, comme l’explique son entraîneur Nicolas Castel :

« C’est une année pour recharger un peu. On commence par un 200 m quatre nages, ce qui ne lui est jamais arrivé. C’est une bonne occasion de tester des choses sans enchaîner trop de courses. »

Marchand fait le choix de la légèreté, mentalement comme physiquement. Une saison allégée, sans pression, qui lui permet de travailler à l’ombre tout en évitant une surexposition après ses exploits aux JO de Paris.

La nage libre : une envie, mais pas à n’importe quel prix

Léon Marchand l’a déjà dit : il aime le crawl. Et il veut s’y frotter sérieusement. Mais pas maintenant. Le niveau mondial est stratosphérique, la concurrence féroce. Lancer une carrière en nage libre à ce moment-là serait risqué, comme le souligne l’ancien champion Jérémy Stravius :

« Changer de discipline maintenant, c’est risqué. Il n’a pas encore les repères. Et si ça ne marche pas, les gens pourraient vite se retourner contre lui. »

Marchand, toujours très observé, préfère garder le contrôle. Il sait que le public attend des victoires, pas des expérimentations.

Un apprentissage discret, mais bien réel

Ce n’est pas parce qu’il ne s’aligne pas sur le crawl qu’il ne travaille pas. En mai, lors d’une étape de la Pro Swim Series à Fort Lauderdale, il a nagé un 400 m nage libre en 3’48″97. Un temps loin des meilleurs mondiaux, mais largement au-dessus de ses précédentes performances.

Et surtout, un record personnel battu. C’est le signe que Léon Marchand se teste en coulisses, sans s’exposer. Ce genre de chrono laisse penser qu’il pourrait rapidement descendre sous les 3’45 s’il s’y consacre vraiment.

L’école australienne et l’influence Bowman

Depuis plusieurs mois, Léon Marchand se forme auprès des meilleurs. Après un séjour d’entraînement en Australie avec Dean Boxall – le coach star d’Ariarne Titmus – il a rejoint Bob Bowman à Austin, son mentor depuis ses débuts aux États-Unis. Là-bas, il nage quotidiennement avec Luke Hobson, recordman du monde en petit bassin sur 200 m nage libre.

Un environnement idéal pour progresser en crawl. Et surtout, une immersion silencieuse dans un univers qu’il pourrait bien dominer à l’avenir.

Les Jeux de Los Angeles 2028 dans le viseur

Il ne faut pas se voiler la face : si Léon Marchand travaille la nage libre, c’est aussi parce que les JO de 2028 à Los Angeles arrivent. Et ce serait un vrai coup de théâtre de le voir décrocher l’or en crawl sur le sol américain.

Nicolas Castel reste cependant prudent :

« Un 400 nage libre à LA ? Il faut voir. Ça alourdit énormément le programme. Il va falloir choisir. »

Et ce choix pourrait bien déterminer toute la trajectoire du nageur français pour les prochaines années.

Des décisions à prendre, sans précipitation

Marchand a encore trois ans devant lui. Il peut tester, échouer, progresser. Ce qui est certain, c’est que rien n’est figé : si un jour il sent qu’il peut gagner en crawl, il n’hésitera pas. Mais pour l’instant, il construit, loin des projecteurs.

À l’image de son coach, il semble vouloir garder un maximum de liberté dans ses choix. Pas de précipitation. Il sait que le public veut des performances, pas des expérimentations ratées. Le crawl ? Ce sera peut-être pour 2026. Ou pour LA 2028. Mais pas maintenant.

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