Pourquoi Robin Cotta était-il aux Baumettes ?

Robin Cotta, 22 ans, était inconnu des services judiciaires avant son incarcération en septembre 2024. Originaire des Alpes-de-Haute-Provence, il a été arrêté avec un ami dans une pharmacie de Mézel pour possession de fausses ordonnances destinées à se procurer du sirop à la codéine. Cette substance, détournée pour produire un cocktail euphorisant connu sous le nom de « purple drank », est classée comme drogue en raison de ses effets nocifs.
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Placé en détention provisoire, Robin attendait son procès pour des accusations allant au-delà de la simple falsification d’ordonnances. Il était également poursuivi pour trafic de stupéfiants et de médicaments, des accusations qui justifiaient, selon le tribunal, son placement aux Baumettes, la maison d’arrêt marseillaise tristement célèbre pour sa surpopulation et ses conditions de détention dégradées.

Malgré la gravité des accusations portées contre lui, la décision de placer Robin en détention a suscité de nombreuses interrogations. Son avocat, Étienne Noël, a souligné que, compte tenu de son âge et de son casier vierge, des alternatives à l’incarcération auraient pu être envisagées, telles qu’un contrôle judiciaire strict.

Cependant, le juge des libertés et de la détention a confirmé un mandat de dépôt correctionnel d’une durée de quatre mois, la durée maximale pour les délits en attente de jugement. Robin a ainsi intégré le quartier des arrivants des Baumettes, où les détenus sont supposés rester temporairement avant d’être transférés dans des cellules permanentes.

C’est dans ce contexte que Robin a été placé dans une cellule partagée avec un autre détenu, A.M., un individu connu pour sa dangerosité. Déjà condamné à plusieurs reprises pour violences et vols, A.M. avait une réputation inquiétante parmi les détenus et le personnel pénitentiaire. Certains codétenus avaient rapporté des comportements menaçants de sa part, évoquant notamment des gestes simulant des attaques à la machette.

Robin, conscient du danger, a tenté à plusieurs reprises d’alerter l’administration pénitentiaire. Il a rédigé plusieurs lettres demandant un transfert de cellule, dont une le matin même de sa mort. Ces appels à l’aide, relayés également via l’interphone de sa cellule, sont restés sans réponse. Un surveillant avait même reporté un rendez-vous prévu avec Robin, initialement prévu le jour du drame, au lendemain.

Le 9 octobre 2024, après des jours de tensions croissantes, Robin a été violemment agressé par son codétenu. Selon l’enquête, A.M. l’a assommé avant de l’égorger à l’aide de tessons d’un bol en porcelaine. Le jeune homme a succombé à ses blessures malgré les appels à l’aide de ses voisins de cellule, ignorés par les surveillants présents ce jour-là.

La vidéosurveillance a révélé plusieurs signaux préoccupants dans les heures précédant le drame, notamment une feuille glissée sous la porte de la cellule par Robin. Ces indices, tout comme ses demandes répétées de transfert, n’ont pas été pris en compte par une administration pénitentiaire débordée par la surpopulation carcérale et les dysfonctionnements organisationnels.

La mort de Robin Cotta a mis en lumière des problèmes systémiques dans la gestion des prisons françaises. Aux Baumettes, où le taux d’occupation atteint parfois 193 %, les conditions de détention sont régulièrement dénoncées. Le quartier des arrivants, censé accueillir temporairement les nouveaux détenus, est devenu un lieu de séjour prolongé faute de places dans les cellules permanentes.

Pour les proches de Robin, ces manquements constituent une faute grave de l’administration pénitentiaire. Sa mère, Odile Cotta, a exprimé sa colère et sa douleur face à ce qu’elle considère comme une défaillance de l’État :

Mon fils n’était pas un criminel endurci. Il a demandé de l’aide, mais personne n’a écouté.

Depuis ce drame, l’avocat de la famille, Étienne Noël, prépare un recours contre le ministère de la Justice pour obtenir réparation. Une enquête interne a été ouverte par la direction des Baumettes pour examiner les circonstances de la mort de Robin, mais les résultats tardent à être communiqués.

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