Le procès des viols de Mazan, qui s’est ouvert en septembre 2024, a pris un nouveau tournant ce vendredi 4 octobre. La cour criminelle du Vaucluse, présidée par Roger Arata, a finalement décidé d’autoriser la diffusion des vidéos et photos des crimes en présence du public et de la presse. Cette décision a été prise après un débat intense de près de deux heures en début d’audience, suivi d’un délibéré de 90 minutes.
Au départ, le président de la cour avait opté pour une diffusion à huis clos des images jugées « indécentes et choquantes », provoquant une vive opposition de la part des journalistes. Ces derniers dénonçaient une « grave atteinte à la liberté d’informer », estimant que l’exclusion du public et de la presse compromettait la transparence du procès.
Cette décision d’ouverture au public a été largement saluée par les avocats de la victime, Gisèle Pelicot, qui ont qualifié ce changement de véritable « victoire ». L’un de ses avocats, Me Stéphane Babonneau, a souligné l’importance de cette diffusion pour exposer la réalité du viol, affirmant que « pour que cette société change, il faut avoir le courage de se confronter à cette vérité ».
Toutefois, plusieurs avocats des 50 coaccusés ont vivement critiqué cette décision, estimant qu’elle ne contribuait pas à la bonne administration de la justice. Me Olivier Lantelme, l’un des avocats de la défense, a déclaré : « La justice n’a pas besoin de ces projections nauséabondes pour passer », rappelant qu’une première vidéo avait déjà été projetée sans apporter d’éléments décisifs supplémentaires. Selon lui, une telle projection publique risque d’influencer le public et de « compromettre la dignité » des débats.
Ce vendredi après-midi, la cour a procédé à la projection de vidéos impliquant certains des accusés. Ces images, capturées par Dominique Pelicot, ex-mari de la victime, témoignent des sévices qu’elle a subis pendant près de dix ans, entre 2011 et 2020. Gisèle Pelicot, droguée et plongée dans un état comateux, était violée par des hommes recrutés sur des sites de rencontres par son mari.
Les vidéos projetées montrent l’horreur des actes perpétrés, avec une précision troublante, car Dominique Pelicot prenait soin de filmer les abus, ce qui a permis d’identifier plusieurs des accusés. Ces preuves, rares dans ce genre de procès, constituent un élément clé pour la partie civile.
Le procès de Mazan s’est rapidement imposé comme une affaire hors du commun, tant par le nombre d’accusés que par la gravité des faits. Parmi les 51 hommes jugés, nombreux sont ceux qui contestent le caractère non-consenti des relations sexuelles avec Gisèle Pelicot. Un des accusés, Jean Tirano, a ainsi déclaré à la barre : « Il y a eu rapport sexuel, mais je conteste le viol », se défendant en expliquant qu’il n’avait pas compris que la victime était sous l’emprise de drogues.
Dominique Pelicot, au centre de ce procès, est accusé d’avoir orchestré ces viols en droguant chimiquement sa femme. Durant près d’une décennie, il a attiré des hommes à leur domicile via des plateformes de rencontres, les manipulant pour qu’ils participent à ces crimes. Les victimes de ses manipulations ont témoigné de la manière dont il parvenait à les convaincre, utilisant des arguments trompeurs et mensongers.