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Qui est Rodrigue Petitot, le leader du mouvement contre la vie chère ?

Rodrigue Petitot, surnommé “Le R”, est devenu un visage emblématique du mouvement contre la vie chère en Martinique. Avec son bob rouge et son mégaphone, il anime les manifestations, harangue les foules dans les supermarchés et mobilise des milliers de sympathisants en ligne. Président du Rassemblement pour la Protection des Peuples et des Ressources Afro-Caribéennes (RPPRAC), cet activiste controversé se bat pour une réduction des prix des biens de première nécessité et la fin des inégalités entre la Martinique et la France métropolitaine.

Un parcours marqué par l’activisme et les polémiques

Rodrigue Petitot, qui se décrit comme “un enfant du peuple”, a grandi en Alsace avant de s’établir en Martinique. Son engagement social et politique est né de son expérience personnelle, selon ses propres mots, dans des quartiers populaires de Fort-de-France, où il aurait observé de nombreux cas d’injustice. Ses prises de position et ses actions militantes lui valent un soutien populaire mais aussi de vives critiques, notamment en raison de son passé judiciaire.

Condamné à plusieurs reprises pour trafic de stupéfiants, Petitot a purgé plusieurs peines de prison, dont une dernière de quatre ans pour une peine prononcée de dix ans en 2016. Il considère cette expérience carcérale comme un “tremplin” qui l’a encouragé à se battre contre les injustices. Ses opposants, cependant, pointent son passé comme un signe d’incohérence dans ses revendications pour la justice sociale.

Sur le terrain, Rodrigue Petitot se montre inflexible dans ses exigences pour une baisse générale des prix des produits de première nécessité en Martinique, qu’il souhaite aligner sur ceux de la métropole. Son discours appelle à une mobilisation continue et sans concessions, un point qu’il martèle souvent dans ses vidéos sur TikTok où il est suivi par plus de 55 000 personnes. Parfois, ses discours prennent un ton radical, dénonçant les inégalités et les structures de pouvoir en Martinique, ce qui lui vaut des critiques pour son attitude jugée incendiaire.

Malgré cela, Petitot ne tolère pas les débordements. Lors des blocages de supermarchés qu’il organise, il appelle régulièrement ses partisans à éviter les violences inutiles et à laisser passer les services d’urgence.

Rodrigue Petitot et le RPPRAC sont devenus des interlocuteurs incontournables dans les discussions sur la vie chère en Martinique. Leur présence aux négociations témoigne de leur poids dans le mouvement social actuel. Ils se sont même retirés à deux reprises des pourparlers pour protester contre le manque de transparence, mais ont fini par revenir à la table des négociations après avoir obtenu la retransmission en direct des réunions.

Petitot utilise les réseaux sociaux pour tenir le public informé de l’avancée des discussions, affirmant que le RPPRAC représente la “voix du peuple martiniquais”. Cet accès direct et fréquent à sa base de soutien renforce sa popularité, même si certains Martiniquais le perçoivent comme un provocateur dont les actions pourraient alimenter les tensions.

Petitot se décrit comme un “militant contre les injustices”. Pour ses soutiens, il est un héros qui défie les élites et les structures de pouvoir, se battant pour des changements concrets. Pour ses détracteurs, cependant, il incarne une radicalité dangereuse, susceptible d’aggraver la situation sociale en Martinique.

Le quartier populaire de Sainte-Thérèse, à Fort-de-France, est le centre de la mobilisation initiée par Petitot. Certains le perçoivent même comme le chef d’un groupe influent, soupçonné de se radicaliser. D’autres voient en lui un “gangster” qui profite de la colère populaire pour asseoir son pouvoir. Ce passé complexe suscite la méfiance de nombreux observateurs qui questionnent ses véritables intentions.

En plus de ses actions sur le terrain, Petitot est particulièrement actif sur les réseaux sociaux, où il diffuse des messages appelant à l’unité entre la Martinique, la Guadeloupe et les autres territoires d’outre-mer. Il se montre très critique vis-à-vis de la gestion de l’État français dans les territoires ultramarins, et certaines de ses publications expriment un message anticolonialiste qui appelle à une autonomie accrue pour la Martinique.

La stratégie de communication de Petitot, qui allie action directe et présence en ligne, est efficace pour mobiliser un large public, mais ses critiques lui reprochent de jouer sur les émotions pour attiser les tensions.