Une vie en isolement total
Depuis 1983, Robert Maudsley est détenu dans une cellule conçue sur mesure pour lui, où il est surveillé 23 heures sur 24. Ce régime d’isolement extrême a fait de lui le prisonnier ayant passé le plus de temps en détention solitaire dans l’histoire britannique.
Son parcours carcéral débute en 1974, lorsqu’il est condamné pour avoir tué John Farrell, un pédophile de 30 ans. Déclaré mentalement inapte, il est envoyé dans l’hôpital psychiatrique de haute sécurité de Broadmoor. Mais en détention, il tue trois autres détenus, affirmant qu’ils étaient également des agresseurs sexuels.
La presse britannique le surnomme « Hannibal le cannibale » après des rumeurs prétendant qu’il aurait mangé le cerveau d’une de ses victimes. Pourtant, les rapports d’autopsie n’ont jamais confirmé cette version. Malgré cela, le mythe persiste, contribuant à sa réputation de prisonnier terrifiant.
La confiscation de ses biens
Le 26 février dernier, la prison de Wakefield a procédé à un exercice opérationnel impliquant une fouille approfondie des cellules. Mais après l’opération, la section où se trouvait Maudsley est restée fermée plusieurs jours, sans explication officielle.
À son retour dans sa cellule, il découvre que ses affaires personnelles ont été confisquées :
- Télévision
- PlayStation
- Livres
- Radio
Son frère, Paul Maudsley, a révélé que Robert était furieux et inquiet lorsqu’il l’a contacté après cet événement.
Dès le vendredi suivant, Maudsley décide de refuser toute nourriture pour protester contre cette confiscation jugée arbitraire. Lors d’un appel téléphonique à son frère, il aurait déclaré :
« Je vais faire une grève de la faim, ne sois pas surpris si c’est la dernière fois que je t’appelle. »
Depuis cet appel, il n’a plus donné de nouvelles, laissant sa famille inquiète quant à son état de santé.
Une enfance marquée par la violence
Maudsley est le quatrième enfant d’une fratrie de douze. Né en 1953 à Liverpool, il passe une grande partie de son enfance en famille d’accueil, échappant ainsi aux sévices infligés par son père. Mais une fois réintégré dans sa famille biologique, il subit des violences physiques et psychologiques.
Adolescent, il fuit vers Londres, où il tombe dans la toxicomanie et se prostitue pour survivre. C’est à cette période qu’il développe une haine viscérale envers les agresseurs d’enfants, ce qui le conduira plus tard à ses meurtres en prison.
Après ses crimes en détention, il est transféré à Wakefield, un établissement surnommé « Le manoir des monstres », en raison du grand nombre de criminels violents qui y sont incarcérés.
En 1983, les autorités pénitentiaires décident d’aménager pour lui une cellule spéciale, inspirée de celle du personnage d’Anthony Hopkins dans Le silence des agneaux. Conçue en verre pare-balles, cette cellule empêche tout contact physique avec d’autres détenus et réduit à néant toute tentative d’évasion.
En 2000, après des années de solitude, Maudsley demande officiellement l’autorisation de se suicider en ingérant une capsule de cyanure. Cette demande est rejetée par l’administration pénitentiaire, qui préfère maintenir son isolement.
En 2003, il écrit une lettre dénonçant ses conditions de détention, affirmant se sentir enterré vivant dans un cercueil de béton.
Aujourd’hui âgé de 71 ans, Maudsley continue d’être une énigme pour le système carcéral britannique. Sa grève de la faim témoigne de sa détermination à ne pas se laisser briser, malgré des décennies d’isolement.
L’administration pénitentiaire n’a pas encore réagi officiellement à cette protestation, laissant planer le doute sur l’issue de cette affaire.
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