Truong My Lan, magnat de l’immobilier, condamnée à la peine de mort

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Le 3 décembre 2024, un tribunal de Ho Chi Minh-Ville a confirmé en appel la condamnation à mort de Truong My Lan, ancienne dirigeante du géant de l’immobilier Van Thinh Phat. Accusée d’avoir orchestré une fraude estimée à 27 milliards de dollars, cette affaire marque l’histoire du Vietnam par son ampleur et ses répercussions économiques et sociales.

Une fraude colossale et un préjudice national

Truong My Lan, 68 ans, a été reconnue coupable d’avoir détourné des milliards de dollars sur une période de dix ans. Ce montage frauduleux reposait sur l’émission d’obligations fictives via la Saigon Commercial Bank (SCB), dont son groupe contrôlait plus de 90 %. Les fonds obtenus étaient ensuite redistribués à des sociétés-écrans, causant un préjudice qui représente environ 3 % du produit intérieur brut du Vietnam.

Des dizaines de milliers de citoyens vietnamiens ont vu leurs économies disparaître après avoir investi dans des produits financiers de la SCB. Ce scandale a suscité des rassemblements publics inhabituels dans un pays où les manifestations sont strictement encadrées.

Une défense centrée sur le remboursement

Lors de son procès en appel, Truong My Lan a plaidé pour une réduction de sa peine. Dans une déclaration adressée au tribunal, elle a exprimé sa honte et son souhait de rembourser les sommes détournées. Selon la législation vietnamienne, une peine de mort peut être commuée en prison à perpétuité si le condamné restitue 75 % des fonds mal acquis.

Pour rembourser une partie de ses dettes, Truong My Lan a proposé de vendre ses actifs, notamment les propriétés de luxe et les projets immobiliers d’envergure détenus par son groupe à Ho Chi Minh-Ville. Ses avocats ont souligné que la valeur totale des actifs excède largement les sommes dues, mais que l’incertitude liée à la condamnation à mort freine les négociations.

Des failles dans le système bancaire révélées

L’affaire Van Thinh Phat met en lumière les faiblesses structurelles du secteur bancaire vietnamien, marqué par un contrôle insuffisant et une corruption endémique. Les procureurs ont décrit l’impact de cette fraude comme étant « énorme et sans précédent ».

En avril 2024, la banque centrale vietnamienne a dû injecter des fonds pour stabiliser la SCB, sans pour autant révéler le montant exact. Ce scandale souligne également les risques de la croissance rapide du Vietnam, où les réformes économiques ont permis un enrichissement accéléré mais aussi des abus flagrants.

Un procès historique

Le procès en appel, qui s’est déroulé sur un mois, a mobilisé plus de 100 avocats et attiré une forte couverture médiatique. Truong My Lan est apparue en chemise bleue au premier rang de la salle d’audience, aux côtés de son mari, également inculpé pour violation des règles bancaires.

Malgré les appels à une clémence basée sur des considérations humanitaires et économiques, le tribunal a maintenu la condamnation à mort, estimant qu’il n’existait aucune circonstance atténuante.

Le Vietnam a intensifié sa lutte contre la corruption sous l’égide de la campagne dite du « brasier ardent », qui a conduit à l’arrestation de nombreux dirigeants et hommes d’affaires influents. Ce contexte de répression anticorruption s’inscrit dans un jeu de pouvoir interne au parti communiste vietnamien, où les rivalités politiques se mêlent aux questions de gouvernance.

Le Vietnam applique encore la peine de mort pour des crimes graves, notamment les affaires de corruption d’une ampleur exceptionnelle. Bien que le nombre exact d’exécutions soit classé secret d’État, des organisations comme Amnesty International rapportent des cas chaque année.

Le scandale Van Thinh Phat a ébranlé la confiance dans le secteur bancaire vietnamien, avec des répercussions durables sur l’économie nationale. Les investisseurs privés et les petites épargnants sont les plus durement touchés, ayant perdu non seulement leur argent mais aussi leur foi dans le système financier.

Pour les experts, ce cas souligne l’urgence de réformes structurelles pour renforcer les contrôles et prévenir les abus à l’avenir.

Alors que Truong My Lan continue de plaider pour une commutation de sa peine, la question demeure : pourra-t-elle rassembler les 9 milliards de dollars nécessaires pour échapper à l’exécution ? Si ses actifs peuvent en théorie couvrir cette somme, leur liquidation dépendra des décisions des autorités et des acheteurs potentiels.

En attendant, ce scandale reste un symbole des défis auxquels le Vietnam est confronté dans sa transition vers une économie moderne et transparente.

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