Une rencontre improbable devenue une histoire d’amour
Tout a commencé après un drame. En 2013, John Levin perd sa première épouse, avec laquelle il a partagé 57 ans de mariage. Déterminé à surmonter la solitude, le médecin généraliste s’inscrit à des cours de mandarin. C’est là qu’il rencontre Yangying Lu, sa professeure. Entre les deux, la connexion est immédiate, malgré leurs 55 ans d’écart.
Quelques rendez-vous plus tard, le couple officialise sa relation et se marie à Las Vegas en 2014. Dix ans plus tard, ils accueillent leur premier enfant ensemble : un petit garçon prénommé Gabby, né grâce à une fécondation in vitro avec donneur.
Un bébé qui bouleverse les repères
Dans leur quartier de Hampton East, à Melbourne, la famille ne passe pas inaperçue. Beaucoup prennent John pour le grand-père, voire l’arrière-grand-père du petit garçon. Une confusion que le couple prend avec philosophie.
« Les gens pensent que Gabby est le petit-fils de John. Quand nous leur expliquons, ils sont choqués. Mais pour nous, l’important, c’est de faire des choix qui nous rendent heureux », confie Yangying Lu.
Pour la jeune maman, cette naissance est le fruit d’une réflexion entamée pendant la pandémie de Covid-19. Elle raconte s’être demandé où elle voulait être dans dix ans : « Si je perds John, je veux une partie de lui avec moi. Je voulais un enfant. »
Un père nonagénaire plein d’énergie
Malgré son âge avancé, John Levin refuse de se laisser définir par les années. Médecin spécialisé dans les traitements de l’anti-âge, il suit un mode de vie très strict : il ne fume pas, ne boit pas, adopte une alimentation végétarienne et s’entraîne plusieurs fois par semaine. Il reconnaît utiliser depuis longtemps des hormones de croissance – une pratique controversée mais qu’il estime bénéfique pour rester en forme.
Son objectif ? Voir son fils grandir. John espère assister à sa bar-mitzvah lorsqu’il aura 13 ans, puis à son 21e anniversaire. Il raconte avoir vécu la naissance de Gabby comme un miracle : « Le tenir dans mes bras pour la première fois, c’était incroyable. »
Une paternité qui interroge
Cette naissance à 92 ans relance le débat sur la paternité tardive. Si certains saluent la vitalité et le courage du couple, d’autres soulignent les enjeux liés au bien-être de l’enfant, qui risque de grandir sans connaître longtemps son père.
Yangying Lu s’y prépare : elle se dit prête à élever seule son fils si nécessaire, tout en restant entourée par la famille élargie de John, composée de dix petits-enfants et d’une arrière-petite-fille. Pour elle, cette histoire est d’abord une leçon de liberté : celle de suivre ses envies, sans se plier aux jugements extérieurs.
« Si d’autres peuvent le faire, moi aussi », déclare-t-elle simplement.
Vers un deuxième enfant ?
Contre toute attente, le couple ne compte pas s’arrêter là. John Levin a confié vouloir offrir une petite sœur à Gabby. « Nous y réfléchissons », explique-t-il avec humour, conscient que cette idée fera encore réagir.