Dans la nuit du 27 au 28 septembre, une vidéo tournée dans le quartier défavorisé d’Estall, à Papeete, a révélé une scène de violence policière impliquant quatre agents de la Direction Territoriale de la Police Nationale (DTPN). La séquence, filmée depuis un balcon, montre un homme en fauteuil roulant agressé par les policiers. L’un des agents a renversé le fauteuil de la victime avant de lui asséner un coup au visage. Ces images, relayées massivement sur les réseaux sociaux, ont rapidement suscité une onde de choc en Polynésie française.
La vidéo d’une durée de 49 secondes montre clairement quatre policiers encerclant un homme en situation de handicap. Alors qu’il est au sol, un des agents s’approche et, après l’avoir déjà poussé à terre, lui assène un coup de poing violent. La victime, visiblement incapable de se défendre, ne montre aucun signe d’agressivité sur les images. Ce court extrait, bien qu’il ne montre pas ce qui a précédé l’incident, a suffi à provoquer un tollé sur les réseaux sociaux, tant en Polynésie qu’en métropole.
L’auteur de la vidéo, témoin de la scène depuis son balcon, a immédiatement publié les images en ligne, dénonçant ce qu’il qualifie de « violence gratuite » de la part des forces de l’ordre. Les commentaires se sont multipliés, accusant les policiers de comportement inacceptable envers une personne vulnérable.
Face à l’ampleur des réactions et à l’indignation générale, les autorités n’ont pas tardé à réagir. Le Haut-Commissaire de la République en Polynésie française, qui représente l’État dans cette collectivité ultramarine, a immédiatement suspendu les quatre policiers impliqués dans l’agression. Il a également annoncé l’ouverture d’une enquête interne par la DTPN. En parallèle, une enquête judiciaire a été lancée par la procureure de la République, Solène Belaouar, pour violences volontaires en réunion par personnes dépositaires de l’autorité publique sur une personne vulnérable.
« Il faut respecter la présomption d’innocence », a déclaré la procureure. Cependant, elle a ajouté avec fermeté que « tout le monde a vu la vidéo », signifiant que les preuves visuelles pèsent lourd dans cette affaire. Les agents concernés ont été placés en garde à vue, et les premières auditions devraient éclaircir les circonstances précises de cet incident.
Cet événement remet en lumière les tensions qui existent autour des questions de violences policières. Selon Wallace Teina, représentant syndical de l’Unité FO au sein de la DTPN, cet incident est la conséquence d’un problème plus large, lié à l’insuffisance de policiers titulaires au sein des forces de l’ordre locales. « Environ 40% des agents sont contractuels en Polynésie, contre seulement 20% en métropole », souligne-t-il. Ce déséquilibre, selon lui, pourrait expliquer un manque de formation adéquate pour faire face à certaines situations complexes sur le terrain.
Teina a ajouté que les policiers impliqués portaient des caméras GoPro, comme le veut le protocole, et que ces enregistrements devraient apporter des éclaircissements sur le déroulé exact des faits. Toutefois, il insiste sur le fait que cet incident ne reflète pas l’ensemble des forces de l’ordre en Polynésie, habituellement « respectueuses de la population ».
L’indignation ne s’est pas limitée aux réseaux sociaux. Dès le lendemain matin, des membres de la famille de la victime se sont rendus au siège de la DTPN pour déposer une plainte formelle, vidéo à l’appui. Plusieurs associations de défense des droits des personnes handicapées et des groupes de militants locaux se sont également mobilisés pour dénoncer ces actes.
Le représentant Tematai Le Gayic, présent sur place au moment des faits, a rapidement pris position. Il a signalé les violences à la procureure de la République et appelé au « respect des procédures judiciaires », tout en saluant la réaction rapide de l’État. « La réponse ferme et appropriée des autorités est essentielle pour préserver la confiance du public en nos forces de sécurité », a-t-il déclaré.
À ce stade, les quatre agents sont suspendus en attendant les résultats de l’enquête. Solène Belaouar a précisé que les faits pourraient être requalifiés en fonction des éléments récoltés, et que les policiers encourent des peines pouvant aller jusqu’à 7 ans de prison si les charges de violences aggravées sont retenues.
Le Haut-Commissariat, de son côté, a promis que cette affaire serait traitée avec la plus grande transparence et a rappelé que la confiance des citoyens en la police est un élément central du fonctionnement de l’État. « Les abus de pouvoir ne peuvent être tolérés, et chaque agent doit répondre de ses actes », peut-on lire dans le communiqué officiel.
🚨 4 policiers ont été suspendus pour des violences commises sur une personne en fauteuil roulant samedi à #Papeete en Polynésie française pic.twitter.com/MHKrQnbZWz
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) September 29, 2024