La voie générale frôle la perfection, le Pro en retrait
Si vous avez passé le Bac cette année, vous faites probablement partie de l’immense majorité des heureux élus. Le ministère confirme une légère hausse de la réussite (+0,4 point par rapport à 2024). Cependant, derrière ce chiffre global se cachent des disparités selon les filières.
La voie générale confirme son statut de « voie royale » statistique avec un taux d’admission impressionnant de 96,4 %. Autrement dit, l’échec y est devenu l’exception. La voie technologique suit de près avec 90,9 % de réussite. En revanche, le baccalauréat professionnel reste un cran en dessous, affichant un taux de 83,4 %.
Au-delà du simple diplôme, c’est la course à la mention qui a motivé les troupes. Près de 6 candidats sur 10 (59,2 %) ont décroché une mention cette année. Là encore, la filière générale rafle la mise avec 68 % de mentions, dont 13,4 % de mentions « Très Bien ».
La stratégie des spécialités paye
Pourquoi les résultats sont-ils si hauts ? Le ministère y voit l’effet direct de la réforme et du choix des spécialités. En permettant aux élèves de conserver les matières où ils sont les plus à l’aise (et souvent les meilleurs), les moyennes grimpent mécaniquement.
Certaines doublettes de spécialités se révèlent être de véritables fabriques à mentions « Très Bien » :
- Mathématiques / Physique-Chimie : 21,4 % de mentions Très Bien.
- Mathématiques / HGGSP (Histoire-géo, géopolitique et sc. politiques) : 20,5 % de mentions Très Bien.
Le contrôle continu joue également son rôle d’amortisseur. Alors que les moyennes des épreuves terminales restent parfois justes (environ 10,78/20 en philosophie), les moyennes annuelles, qui comptent pour 40 % de la note finale, oscillent entre 12,3 et 15,6/20 selon les matières.
2026 : Le ministère siffle la fin de la récré
Profitez de ces bons chiffres, car les règles du jeu vont changer. Édouard Geffray, l’actuel ministre de l’Éducation nationale, a profité de ce bilan pour annoncer un durcissement des conditions d’obtention dès la session 2026. L’objectif affiché est clair : « redonner de la crédibilité au bac ».
Fini le rattrapage automatique
C’est la mesure phare qui risque de faire du bruit l’an prochain. Jusqu’ici, l’accès aux oraux de rattrapage était quasi-automatique pour les élèves ayant entre 8 et 10/20. Dès 2026, une condition de niveau strict sera imposée :
Il faudra avoir obtenu une moyenne d’au moins 8/20 aux épreuves écrites pour être autorisé à passer le rattrapage.
Cette mesure vise à éviter que des élèves avec des lacunes écrites trop profondes ne « sauvent » leur diplôme uniquement grâce à l’oral ou au contrôle continu.
Les points de jury plafonnés
Autre changement majeur : l’encadrement des « points de jury ». Ce dispositif permettait aux délibérateurs d’ajouter quelques points à un candidat pour lui permettre d’atteindre le 10/20 ou une mention.
En 2025, cette pratique a permis à 1,7 % des bacheliers généraux et 3,4 % des technologiques d’obtenir leur diplôme alors qu’ils étaient en dessous de la barre. Pour les mentions, cela a concerné jusqu’à 6,7 % des élèves. Dès l’an prochain, ce coup de pouce sera limité à 50 points maximum (soit 0,5 point de moyenne) et interdit si la moyenne des écrits est inférieure à 8/20.
L’orthographe dans le viseur
Enfin, le ministre a insisté sur la qualité de l’expression écrite. La consigne passée aux correcteurs pour les prochaines sessions sera plus sévère : une copie dont la syntaxe ou l’orthographe est « déplorable » ne devra plus obtenir la moyenne, quel que soit le fond. Une exigence qui s’inscrit dans une volonté de revaloriser le diplôme avant l’entrée dans le supérieur.
Le Bac 2025 restera donc dans les annales comme un cru de transition : des résultats excellents, une bienveillance des jurys encore active, juste avant l’application d’une rigueur nouvelle.
















