Une génération moins sévère face aux fautes
D’après une étude menée par la plateforme d’apprentissage Preply, les jeunes de la génération Z se montrent nettement plus indulgents vis-à-vis des fautes de français. Si 49 % des Français jugent les fautes inacceptables, les 16-24 ans sont seulement 32 % à partager cet avis. En revanche, ils sont 41 % à estimer que ce n’est pas grave.
Ces chiffres soulignent un glissement culturel : le respect de la grammaire et de l’orthographe ne fait plus consensus chez les jeunes, surtout dans un contexte où la communication écrite est rapide, instantanée et souvent informelle.
Entre un CV et un DM sur Insta, la tolérance n’est pas la même. La majorité des répondants affirment savoir s’adapter : soigner leur écriture dans un cadre professionnel, et se permettre quelques écarts dans leurs messages personnels. Cette capacité d’adaptation montre que les jeunes ne rejettent pas la langue française, mais la moduleraient selon les situations.
« Aujourd’hui, faire une faute sur WhatsApp, ce n’est pas la fin du monde. Tant que le message passe, c’est ce qui compte. »
Ce type de déclaration, relevée lors de l’enquête, reflète bien l’état d’esprit de cette génération connectée.
Corriger ou pas : deux visions qui cohabitent
Un autre chiffre interpelle : 46 % des Français déclarent faire des fautes mais prennent le temps de les corriger. Cela montre une forme de rigueur toujours présente, surtout chez les générations les plus âgées. Chez les jeunes, la tendance change.
Parmi les 16-24 ans :
- 30 % affirment faire souvent des fautes sans les corriger, notamment quand ils tapent vite ou dans des échanges informels
- 18 % prennent la peine de se corriger, même s’ils reconnaissent commettre des erreurs régulièrement
Le fait de ne pas corriger ses fautes ne signifie pas forcément un désintérêt pour le français. Cela peut simplement refléter une volonté d’aller vite, un contexte décontracté ou un besoin d’authenticité dans l’échange.
Correcteurs automatiques, emojis, messages vocaux… Les jeunes ont à leur disposition tout un arsenal numérique pour communiquer, parfois sans écrire une seule phrase complète. La langue évolue avec la technologie, et cela influence inévitablement notre rapport aux fautes.
Mais attention, cette automatisation ne garantit pas une meilleure orthographe. Certains jeunes déclarent même ignorer volontairement les suggestions de correction, jugeant cela trop intrusif ou sans importance pour le message.
La langue française entre rigueur et liberté
La France reste historiquement un pays très attaché à sa langue. Mais la vision d’une grammaire « sacrée » s’effrite peu à peu. Chez les plus de 55 ans, 58 % considèrent les fautes comme inacceptables. Cette proportion diminue à mesure que l’on descend en âge.
Les jeunes générations, elles, cherchent un équilibre entre précision et efficacité. Savoir bien écrire reste un avantage, mais faire une faute n’est plus un drame, ni un signal d’incompétence. Dans beaucoup de cas, c’est juste une maladresse vite oubliée.
Sur les réseaux sociaux, dans les échanges entre amis ou même parfois au travail, faire une faute n’empêche pas d’être compris. Et pour beaucoup de jeunes, la clarté du message prime sur la perfection. Cette mentalité reflète une évolution sociétale, où la forme s’adapte au fond.
« Je préfère qu’on me comprenne vite, même si j’écris mal, plutôt que de passer 3 minutes à écrire un mot sans faute. »
Des propos comme celui-ci illustrent une logique pragmatique, bien ancrée dans la génération actuelle.
Des erreurs qui ne choquent plus
L’enquête révèle enfin que seulement 4 % des Français affirment ne jamais faire de fautes. Ce chiffre modeste rappelle que même les plus exigeants reconnaissent leurs limites. L’orthographe parfaite devient un idéal plus qu’une réalité.
Chez les jeunes, ce constat est intégré. Beaucoup acceptent de faire des erreurs, parfois même sans culpabiliser. Et si la langue devenait moins rigide, plus vivante, plus humaine ? C’est peut-être ça, le vrai défi de demain : réconcilier exigence et bienveillance.