Comment un pape choisit son nom ?

Juste après son élection, le nouveau pape doit répondre à une question bien précise : « De quel nom veux-tu être appelé ? ». Ce moment, ultra symbolique, marque le tout début de son pontificat. Son nom sera ensuite annoncé à la foule depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, lors du célèbre « Habemus Papam ». Ce choix est personnel, réfléchi, et surtout très symbolique.
Comment un pape choisit son nom ?

Une tradition qui remonte au VIe siècle

Au départ, les papes conservaient leur nom de baptême. Ce n’est qu’en 533 que l’un d’eux, Mercurius, change de prénom pour devenir Jean II, trouvant que son nom d’origine, associé au dieu Mercure, ne collait pas avec sa nouvelle mission. À partir de là, prendre un nouveau nom devient une habitude. Depuis le Xe siècle, cette tradition est systématique, à quelques exceptions près.

Une décision personnelle mais très lourde de sens

Choisir un nom, ce n’est pas juste une formalité. C’est un acte qui envoie un signal au monde entier. Le nom papal donne souvent une idée de la ligne que va suivre le pontificat. Un pape qui choisit un nom porté par un prédécesseur réformateur, conservateur, ou charismatique peut indiquer une volonté de continuité ou au contraire de rupture.

Hommage à un prédécesseur ou à un saint

Souvent, le nom choisi rend hommage à un ancien pape admiré ou à un saint qui a marqué l’histoire de l’Église. Par exemple, François a été choisi pour la première fois en 2013 par le cardinal Jorge Bergoglio, devenu pape François. Il a expliqué vouloir se placer dans les pas de saint François d’Assise, connu pour sa simplicité, son engagement pour les pauvres et son amour de la nature.

Un message clair dès le départ

Le nom peut aussi refléter une orientation claire. En prenant le nom de Benoît XVI, le pape Joseph Ratzinger avait fait référence à Benoît XV, qui a tenté d’apaiser les tensions pendant la Première Guerre mondiale, mais aussi à saint Benoît, figure de la spiritualité monastique. Ce choix soulignait sa volonté de stabilité, de réflexion et de continuité doctrinale.

Des noms utilisés plus souvent que d’autres

Certains noms reviennent régulièrement dans l’histoire de la papauté. Le plus populaire est Jean, porté plus de vingt fois. Suivent Benoît, Grégoire, Clément, Léon, Innocent et Pie. Ces noms ont souvent été associés à des papes ayant eu une forte influence, ce qui pousse leurs successeurs à vouloir s’en inspirer.

Des noms évités… ou même redoutés

Certains prénoms sont laissés de côté volontairement. Le plus connu est Pierre, par respect pour saint Pierre, le tout premier pape. Mais il y a aussi une superstition : selon une prophétie, un pape nommé Pierre II annoncerait la fin du monde. Aucun souverain pontife n’a osé franchir le pas.

D’autres noms sont évités à cause de papes au passé controversé. Alexandre VI, par exemple, fait penser à la famille Borgia et à ses dérives. Pie XII est critiqué pour son silence pendant la Seconde Guerre mondiale. Résultat : ces noms sont jugés trop lourds à porter.

Un prénom jamais vu ?

Il arrive qu’un pape choisisse un nom encore jamais utilisé. Ce fut le cas de François en 2013. Cette initiative peut marquer une volonté de renouveau, voire de réforme. C’est aussi un moyen de se démarquer dans une Église où les symboles comptent énormément. Un nom inédit est une façon de dire : « Je trace ma propre voie. »

Jean-Paul : un nom double et unique

En 1978, le pape Jean-Paul Ier est le premier à opter pour un double nom. Il voulait rendre hommage à Jean XXIII et Paul VI, ses prédécesseurs. Ce choix a été repris par Jean-Paul II, élu juste après lui. Ce nom symbolise une volonté de continuer l’héritage d’une période importante pour l’Église, notamment avec le concile Vatican II.

Le rôle du protodiacre

Une fois le nom choisi, c’est le cardinal protodiacre qui vient l’annoncer au monde depuis le balcon de la basilique. Il le fait en latin, juste après avoir prononcé « Habemus Papam ». Ce moment, très attendu, est un des temps forts du rituel. Le nom du nouveau pape devient alors son identité pour toute la durée de son pontificat.

Des noms liés à la géopolitique du moment

Le choix du nom peut aussi être influencé par le contexte mondial. En période de guerre ou de crise, choisir un nom lié à la paix ou à la justice sociale peut être perçu comme un message d’espoir. Par exemple, Léon XIV, élu en 2025, fait probablement référence à Léon XIII, connu pour avoir défendu les droits des travailleurs. C’est un clin d’œil à la doctrine sociale de l’Église.

Et demain, quels noms à venir ?

Avec plus de 90 noms différents déjà utilisés, il reste encore beaucoup de possibilités. Certains noms oubliés pourraient faire leur retour, comme Célestin, Adrien ou Urbain. D’autres, jamais portés, pourraient apparaître. Tout dépend du message que le futur pape voudra transmettre au monde.

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