Le héros n’a pas été programmé pour penser par lui-même. Pourtant, il a réussi à pirater ses propres barrières mentales. Résultat : il est libre… mais n’en fait rien de spectaculaire. Pas de révolte ou de mission de vengeance. Il veut juste la paix, un peu d’isolement, et ses épisodes de Sanctuary Moon, une série spatiale totalement absurde qu’il adore.
Alexander Skarsgård en robot aussi musclé que paumé
Le rôle principal est confié à Alexander Skarsgård, qui parvient à incarner un être synthétique sans émotions apparentes, tout en laissant passer des bribes de vulnérabilité. Son interprétation repose beaucoup sur le monologue intérieur sarcastique de Murderbot, véritable moteur comique et philosophique de la série.
Les frères Chris et Paul Weitz, connus pour leurs films très différents comme American Pie ou À propos d’un gamin, sont à l’origine de cette adaptation. Leur approche mêle science-fiction, humour absurde et références pop. Ils osent des scènes où un robot se planque pour pleurer en regardant des dramas intergalactiques, tout en assurant la protection de scientifiques sur des planètes hostiles.
Une satire sur le libre arbitre et la solitude algorithmique
Si Murderbot fait rire, c’est aussi une série qui pose des questions profondes. Que se passe-t-il quand une machine prend conscience d’elle-même… et décide de ne rien faire d’autre que survivre ? Le héros ne cherche ni à devenir humain, ni à s’en éloigner complètement. Il veut juste être libre d’exister à sa manière.
Le récit détourne subtilement les fameuses lois de la robotique d’Asimov et montre qu’un robot peut être plus humain que les humains eux-mêmes. Loin d’un super-héros ou d’un Terminator, Murderbot est un anti-héros fatigué, désabusé mais lucide. Il observe les autres avec un mélange d’ironie et de distance, souvent plus empathique que ceux qu’il protège.
Des épisodes courts, un ton unique
Chaque épisode dure environ 25 minutes, ce qui rend la série facile à suivre. Le rythme est rapide, ponctué de scènes d’action et de moments contemplatifs où l’on suit Murderbot dans ses pensées. La voix off occupe une grande place, comme un journal intime d’un robot qui déteste les émotions… mais ne peut s’empêcher d’en ressentir.
Visuellement, Apple TV+ continue de livrer un univers riche et détaillé. Vaisseaux, aliens, planètes désertiques : le décor est digne des meilleurs space opera, mais sans jamais voler la vedette au personnage principal. Le contraste entre les enjeux cosmiques et les préoccupations très terre-à-terre du robot crée un effet comique réussi.
Une critique sociale déguisée en série SF
Au-delà des gadgets futuristes, Murderbot parle de nous. De notre rapport à la technologie, à la solitude, au travail. Il met en lumière l’absurdité de devoir sans cesse paraître utile ou performant. Son refus d’interagir devient une forme de rébellion moderne contre la société de contrôle.
Dans un monde saturé de connexions, ce robot qui veut juste être tranquille résonne fort. Son humour, ses failles, son rejet des autres mais aussi sa capacité à protéger sans chercher à plaire en font un héros de notre époque.
Les premiers épisodes de Murderbot sont déjà disponibles sur Apple TV+. Chaque semaine, un nouvel épisode viendra enrichir cette première saison. La série s’adresse à celles et ceux qui aiment la science-fiction, mais aussi les introspections bizarres et les personnages qui ne rentrent dans aucune case.
Avec son mélange de réflexion, d’humour et d’action, elle a tout pour devenir un ovni culte dans le paysage des séries SF. Et surtout, elle offre un héros à contre-courant : un robot qui préfère fuir les relations humaines… mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer.