Pourquoi on parle de « taux d’insertion »
Un taux d’insertion est une photo statistique, à un moment précis, de la part d’anciens stagiaires ou élèves qui sont en emploi. Il sert à comparer des formations et à repérer des tendances, pas à prédire ton avenir perso.
« Un taux n’est pas une promesse d’embauche, c’est une photo à un instant T. »
Deux univers de données à ne pas confondre
Formation continue : le taux d’accès à l’emploi (source France Travail)
Pour les personnes passées par la formation continue et inscrites à France Travail, le taux d’accès à l’emploi (aussi appelé retour à l’emploi) mesure la part de stagiaires qui, dans les 6 mois suivant la fin de formation, ont :
- retrouvé un emploi salarié d’au moins un mois,
- ou signé un contrat aidé,
- ou créé une entreprise.
Ce taux est produit via l’API de La Bonne Formation (France Travail). Il est disponible au niveau régional si le secteur compte au moins 60 sortants; sinon on affiche la référence nationale (si ≥ 60 sortants au national).
Important : on exclut l’emploi public, l’emploi non salarié, l’étranger, les particuliers employeurs et certaines missions d’intérim à durée non renseignée. Le résultat est donc centré sur le salariat privé en France.
Voie scolaire et apprentissage : le taux d’emploi (source InserJeunes)
Pour les lycéens pro (CAP, bac pro, BTS, mentions complémentaires) et les apprentis (niveaux 3 à 5), le dispositif InserJeunes (DEPP & Dares) calcule le taux d’emploi à 6 mois après la fin d’études, à partir des Déclarations sociales nominatives (DSN) des employeurs du privé.
- Affichage si au moins 20 sortants (pour fiabiliser l’indicateur).
- Taux arrondi à la demie-dizaine (ex. 57 % → 55 %).
- Hors champ : étranger, non-salariés, secteur public.
Bon à savoir : en passant d’anciennes enquêtes aux données administratives (DSN), les taux publiés sont en moyenne plus bas qu’avant. Ce n’est pas une chute réelle de l’insertion, c’est un changement de thermomètre.
Résumé des indicateurs et règles d’affichage
Indicateur | Public concerné | Fenêtre | Source | Seuil d’affichage | Exclusions majeures |
---|---|---|---|---|---|
Taux d’accès à l’emploi (retour à l’emploi) | Formation continue (demandeurs d’emploi sortants) | 6 mois post-formation | France Travail – API La Bonne Formation | ≥ 60 sortants (région) ; sinon national si ≥ 60 | Public, non-salariés, étranger, particuliers employeurs, intérim sans durée |
Taux d’emploi | Voie scolaire pro & apprentissage (niveaux 3 à 5) | 6 mois (aussi 12/18/24 dans les docs) | InserJeunes (DEPP/DARES, via DSN) | ≥ 20 sortants ; arrondi à la demie-dizaine | Public, non-salariés, étranger |
Valeur ajoutée | Établissements (CFA, lycées pro) | 6 mois | InserJeunes (modèles statistiques) | Comparaison à établissements similaires | — |
Part de contrats d’apprentissage rompus avant terme | Apprentissage | Selon durée prévue (1–3 ans) | Gestion contrats + DSN | — | Ne confonds pas avec un taux « brut » annuel |
Taux d’interruption en cours de formation | CAP, MC, BP, bac pro, BTS | Sur la durée du diplôme | Données scolarité & examens | — | Mesure l’abandon, pas l’emploi |
Taux de poursuite d’études | Voie pro & apprentissage | Année N+1 | Données scolarité | — | Un bon taux peut baisser l’emploi à 6 mois (c’est normal) |
La « météo » de l’insertion : comment lire les pictos
Certains portails affichent une météo (nuage, soleil…) pour simplifier la lecture des taux d’emploi. Les seuils varient selon le niveau de diplôme et la voie.
Voie scolaire (formations pro)
- Niveau 3 (CAP/MC5) : Orage < 10 % ; Nuage 10–30 % ; Nuage/soleil > 30 %.
- Niveau 4 (bac pro/MC4) : Orage < 20 % ; Nuage 20–30 % ; Nuage/soleil 30–40 % ; Soleil > 40 %.
- Niveau 5 (BTS) : Nuage < 40 % ; Nuage/soleil 40–60 % ; Soleil > 60 %.
Apprentissage
- Niveau 3 (CAP/MC5) : Nuage < 40 % ; Nuage/soleil 40–60 % ; Soleil > 60 %.
- Niveau 4 (bac pro) : Nuage < 50 % ; Nuage/soleil 50–70 % ; Soleil > 70 %.
- Niveau 5 (BTS) : Nuage < 60 % ; Nuage/soleil 60–70 % ; Soleil > 70 %.
Lis cette météo comme un repère, pas comme un verdict. Un secteur peut être très porteur localement et plus calme ailleurs.
Zoom sur quatre indicateurs complémentaires
Valeur ajoutée (écart entre taux attendu et observé)
La valeur ajoutée compare le taux d’emploi d’un établissement à celui « attendu » pour des établissements similaires (profil des jeunes, spécialité, niveau, zone d’emploi…). Si elle est positive, l’établissement fait mieux que prévu à caractéristiques comparables. Ce n’est pas un classement, c’est un indicateur d’équité.
Part de contrats d’apprentissage interrompus avant terme
Il s’agit d’un risque théorique de rupture calculé en tenant compte de la durée prévue des contrats (1–3 ans) et des ruptures observées à chaque année d’exécution. À ne pas confondre avec un simple ratio « ruptures / contrats en cours ».
Taux d’interruption en cours de formation
Il estime le risque d’abandon avant le diplôme (par année, redoublement, réussite). Utile pour évaluer la tenue du parcours dans une filière.
Taux de poursuite d’études
Part des sortants encore en études l’année suivante. Un bon chiffre ici réduit mécaniquement le taux d’emploi à 6 mois… sans que ce soit une mauvaise nouvelle.
Erreurs de lecture fréquentes
- Confondre les champs : l’unité « formation continue » ≠ « InserJeunes ». Les populations et sources diffèrent.
- Oublier les exclusions : les taux publiés ignorent l’emploi public, l’étranger et les non-salariés.
- Négliger les seuils : sans 20 ou 60 sortants selon le cas, on affiche une autre maille (souvent nationale).
- Surinterpréter un arrondi : l’arrondi à la demie-dizaine lisse les chiffres ; compare des ordres de grandeur, pas des points isolés.
- Comparer l’incomparable : évite d’opposer directement un taux d’accès à l’emploi (formation continue) et un taux d’emploi (InserJeunes).
Check-list rapide pour comparer deux formations
- Vérifie l’indicateur (accès à l’emploi vs emploi) et la source (France Travail vs InserJeunes).
- Regarde la maille (régionale ou nationale) et le nombre de sortants.
- Note la fenêtre (6 mois) et l’arrondi.
- Ajoute la poursuite d’études et la valeur ajoutée pour une vue plus juste.
- Renseigne-toi sur le marché local (zones d’emploi) et le type d’emplois visés (privé/public, salarié/indé).
En bref
- Le calcul des taux d’insertion s’appuie sur des bases administratives robustes (DSN, scolarité) et des API de France Travail.
- Des règles d’affichage (≥ 20 ou ≥ 60 sortants, arrondis) garantissent la lisibilité, mais limitent la granularité.
- Lis toujours les indicateurs en contexte : périmètre, exclusions, météo d’insertion et trajectoires d’études.