Une adoption massive : la fracture générationnelle est là
Si vos parents galèrent encore à comprendre le fonctionnement de ChatGPT, pour vous, c’est probablement devenu aussi naturel que d’envoyer un SMS. Les chiffres de l’enquête sont sans appel : 89 % des 16-25 ans ont déjà utilisé une IA générative (contre seulement 43 % pour le reste de la population française). C’est un véritable fossé qui se creuse.
Plus impressionnant encore, l’usage n’est pas anecdotique. Pour 1 jeune sur 4, l’utilisation de ChatGPT, Claude, Gemini ou Grok est quotidienne. Ce n’est plus une curiosité technologique, c’est un réflexe. 92 % des utilisateurs estiment d’ailleurs que ces outils leur sont « utiles » au quotidien. Que ce soit pour gagner en productivité ou pour apprendre, l’IA est devenue le copilote par défaut de la jeunesse.
Plus qu’un assistant, un confident psychologique
C’est la statistique la plus surprenante – et peut-être la plus inquiétante – de cette étude. L’IA ne sert pas qu’à faire des devoirs ou du code. Elle remplit un vide émotionnel. Environ 64 % des jeunes interrogés considèrent l’IA comme une forme de conseiller ou de soutien psychologique, une oreille attentive toujours disponible pour se confier sans jugement.
Dans un contexte où le sentiment de solitude est fort chez les étudiants et jeunes actifs, l’algorithme remplace parfois les parents, les profs ou les thérapeutes. Si l’usage créatif (vidéo, musique) et scolaire reste majoritaire, cette dimension intime prouve que la relation entre la Gen Z et la machine a dépassé le simple stade utilitaire.
Le « réflexe de survie » : choisir le camp des concepteurs
Pourquoi un tel engouement pour les carrières dans l’IA ? Ce n’est pas forcément par passion dévorante, mais par pur pragmatisme. Valérie Dmitrovic, directrice de Jedha AI School, analyse cela comme une stratégie lucide : conscients que l’IA va bouleverser le marché du travail, les jeunes préfèrent être du côté de ceux qui créent les outils plutôt que de ceux qui se font remplacer par eux.
Les résultats parlent d’eux-mêmes :
- 70 % des jeunes trouvent les métiers de l’IA attractifs.
- 52 % envisagent sérieusement d’y travailler.
- 11 % en ont déjà fait leur projet professionnel concret.
C’est une vision du monde du travail divisée en deux : 53 % voient l’IA comme une opportunité de création d’emplois, tandis que 47 % la perçoivent comme une menace. Pour ne pas subir, la moitié de la génération a donc choisi l’attaque.
L’éthique avant la technique
Attention toutefois, cette ruée vers l’IA ne se fait pas les yeux fermés. La génération Z est exigeante. Si 68 % sont prêts à se former, ils posent leurs conditions. Ils ne veulent pas d’une technologie sans conscience.
Le principal frein évoqué par ceux qui hésitent ? Les risques éthiques. Pour 85 % des sondés, il est indispensable que les formations intègrent des modules sur l’éthique et les impacts sociaux de l’intelligence artificielle. Ils veulent apprendre à maîtriser la bête, mais aussi à la garder sous contrôle.
Un besoin urgent de formation concrète
Malgré cet appétit, un paradoxe demeure : le manque d’information. Si l’envie est là, seulement 31 % des jeunes estiment bien connaître les métiers réels liés à l’IA. Beaucoup naviguent à vue.
Il y a aussi une disparité de genre notable dans les usages « techniques » : les garçons sont deux fois plus nombreux que les filles à utiliser l’IA pour le codage ou la programmation. Un écart qu’il faudra combler rapidement si l’on veut que ce futur marché du travail soit égalitaire.
Ce que réclament les jeunes aujourd’hui, ce sont des formations courtes, pratiques et opérationnelles (plébiscitées par 66 % d’entre eux) pour ajouter cette corde à leur arc, quel que soit leur futur métier. L’IA n’est plus une option, c’est le nouveau socle commun.
















