Bullshit job, qu’est-ce que c’est ?

Travailler dans un emploi vide de sens, c’est le quotidien de nombreuses personnes. En 2013, l’anthropologue David Graeber met un nom sur ce phénomène : le bullshit job. Il désigne un poste que même son titulaire juge inutile, sans impact concret sur la société ou son entreprise. Cette idée a rapidement suscité un débat profond sur la place du travail, sa valeur et notre rapport à l’utilité dans le monde professionnel.
bullshit job

Comment reconnaître un bullshit job ?

Pour Graeber, un bullshit job se distingue par un manque de sens. L’employé a du mal à expliquer à quoi servent ses tâches. Il sent que son activité a peu d’impact réel. Pourtant, il continue à l’exercer, car il a besoin de son salaire. Ce paradoxe crée souvent de la frustration, du doute et de l’ennui.

En parallèle, Graeber valorise les métiers dits « nécessaires », comme ceux des infirmiers, des éboueurs ou des enseignants. Ces professions apportent une réelle contribution, mais sont pourtant souvent sous-payées et peu valorisées.

Les cinq catégories de bullshit jobs

Dans son livre, Graeber propose une typologie. Il distingue cinq grandes familles de bullshit jobs :

  1. Les larbins (flunkies) : Ils sont là pour flatter ou valoriser leur supérieur. Leur absence ne change rien au fonctionnement de l’entreprise.
  2. Les porte-flingues (goons) : Ils exercent des fonctions agressives ou défensives, souvent inutiles sans la concurrence. On y retrouve les lobbyistes ou les experts en communication.
  3. Les rafistoleurs (duct tapers) : Ils corrigent des erreurs évitables. Leur rôle consiste à maintenir un système qui dysfonctionne.
  4. Les cocheurs de cases (box tickers) : Ils remplissent des formulaires ou produisent des rapports sans utilité concrète.
  5. Les petits chefs (taskmasters) : Ils supervisent des gens qui n’ont pas besoin d’être encadrés ou créent du travail pour se justifier.

L’impact des bullshit jobs sur le bien-être des employés

Travailler dans un bullshit job peut provoquer un bore-out (ennui profond) ou un brown-out (perte de sens). L’individu se sent inutile, souvent coupé des autres, et obligé de simuler une productivité factice.

Ce sentiment d’isolement, renforcé par le peu d’impact perçu de ses actions, abîme l’estime de soi. D’après Graeber, c’est une dérive d’une société capitaliste où la valeur du travail est mesurée par sa présence, et non par son utilité.

Mais ce n’est pas toujours si simple. Certains trouvent du sens dans leur activité, même si elle semble futile à d’autres. La notion d’utilité reste subjective, ce qui rend la catégorisation délicate.

Graeber ne critique pas les individus. Il pointe plutôt une structure économique qui crée des emplois déconnectés des besoins réels. Il invite à une remise en question collective sur ce que doit être un travail « utile ».

Le lien entre technologie et bullshit jobs

La technologie a permis de gagner du temps et d’automatiser de nombreuses tâches. Pourtant, au lieu de réduire la charge de travail, elle a souvent servi à créer encore plus de postes sans véritable fonction. Cela surprend, surtout quand on repense aux prévisions de Keynes, qui imaginait une semaine de 15 heures grâce au progrès.

Graeber estime qu’il faudrait repenser le temps de travail. Réduire la semaine, utiliser les technologies pour des tâches vraiment utiles, et redonner du sens aux emplois. Travailler moins, mais mieux, pourrait améliorer le bien-être collectif.

Finalement, l’idée de bullshit job interroge notre société. Pourquoi valorise-t-on autant le fait de “travailler” sans toujours se demander à quoi cela sert ? Pourquoi tant de personnes souffrent-elles dans des postes sans mission claire ?

David Graeber propose une piste : repenser le système de l’emploi pour favoriser les métiers à impact. Des métiers qui créent du lien, de la valeur et qui rendent service à la société. Des métiers gratifiants, porteurs de sens, et reconnus à leur juste valeur.

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