C’est quoi, exactement, ce syndrome en CPGE ?
En prépa, tout s’accélère : volume de travail, évaluations publiques, classements, concours. Le cocktail parfait pour penser “je ne suis pas à la hauteur”. Le syndrome apparaît quand tu attribues tes réussites à la chance (“je suis tombé sur mon chapitre”), à des conditions externes (“le correcteur était cool”), et tes échecs à une faute interne (“je suis nul·le”). Résultat : anxiété, auto-sabotage ou surcontrôle.
Les signaux à repérer tôt
- Surtravail défensif : tu t’épuises pour “mériter” chaque point, sans stratégie.
- Procrastination : tu repousses pour préserver l’ego (“si j’échoue, c’est faute de temps”).
- Autosous-évaluation : tu minimises chaque progrès, tu n’oses pas lever la main.
- Refus d’opportunités : tu évites les khôlles difficiles, les écoles ambitieuses.
- Comparaison toxique : tu regardes les autres comme un miroir de tes manques.
Passer en mode stratégie : 8 leviers qui marchent
1) Des objectifs qui tiennent la semaine
Évite les plannings irréalistes. Choisis 3 objectifs “MVP” (minimum viable progress) par semaine : un exercice type, un chapitre clé, une annale. Découpe en tâches de 25–40 minutes, avec un créneau tampon chaque soir. Le but n’est pas de tout faire, mais de faire ce qui compte.
2) Remplacer la comparaison par la coopération
Monte un groupe de 2 à 4, rôles tournants : “explique”, “questionne”, “synthétise”. L’autre n’est pas un juge, c’est un accélérateur. Tu verras que tout le monde doute — mais pas sur les mêmes points.
3) Le journal de preuves (10 minutes par semaine)
Ouvre une note “Évidences” : chaque vendredi, note trois faits concrets (ex. “+2 pts au dernier DM”, “oraux blancs enchaînés sans trou noir”, “méthode d’intégration comprise”). Relis-la avant une khôlle. Tu entraines ton cerveau à encoder la progression.
4) Reparamétrer l’attribution
Quand la petite voix dit “j’ai eu de la chance”, reformule : “j’ai révisé X, pratiqué Y, géré Z”. Replace la réussite dans le contrôlable (effort, méthode, préparation).
5) Hygiène de performance (le trio sous-coté)
- Sommeil : 7–8 h, horaires stables. C’est de la consolidation de mémoire, pas du luxe.
- Rituels courts : respiration 4–6 (4 secondes d’inspiration, 6 d’expiration) 3 fois/jour.
- Recharges : 1 sortie courte, 20 minutes d’activité physique, 10 minutes de marche sans écran.
6) “Fait > parfait” : autorise-toi l’inachevé utile
« Done is better than perfect. »
Applique ce principe une fois par jour : un exercice rendu même imparfait vaut mieux qu’un brouillon invisible. Tu entraînes le muscle du feedback, pas l’illusion de maîtrise.
7) Feedbacks calibrés, pas jugements flous
Demande aux profs et aux khôlleurs un retour en trois lignes : point fort, erreur type, priorité pour la prochaine fois. Évite “c’était nul” / “c’était bien” qui n’aident pas.
8) Protocole anti-panic (10 minutes)
- Respire : 1 minute 4–6.
- Re-cadre : “Je suis stressé·e car c’est important, mon corps m’active.”
- Micro-plan : 3 étapes concrètes pour les 30 prochaines minutes.
- Action : lance un exercice simple pour reprendre la main.
Spécial deuxième année et khûbe : jouer la carte stratégie
Cartographier les points qui payent
Liste les 6 chapitres/exercices qui offrent le meilleur retour sur temps dans chaque matière. Programme 2 boucles d’annales courtes par semaine (sujets partiels ou horaires réduits) pour empiler de la vitesse sans t’épuiser.
Simuler la pression, apprivoiser l’erreur
Organise des oraux blancs “flash” (8–10 min) avec un camarade. Objectif : apprendre à parler en pensant, pas à réciter. Tu remplaces le mythe du “trou noir” par un script de rattrapage : annoncer ce que tu sais, poser une hypothèse, tester.
Quand ça déborde : demander de l’aide, c’est pro
Le syndrome de l’imposteur devient problématique quand il s’auto-alimente (insomnie, crises d’angoisse, isolement). Parle-en au prof principal, à un médecin ou à un psychologue universitaire. Tu ne “avoues” pas une faiblesse ; tu actives un levier pour protéger ton apprentissage.
Mini-outils anti-imposteur à coller au-dessus du bureau
| Pensée automatique | Réponse utile | Action immédiate |
|---|---|---|
| « J’ai réussi par chance. » | Je liste 2 causes contrôlables. | Noter “preuve” dans le journal + plan de révision court. |
| « Les autres sont meilleurs. » | Nous n’avons pas les mêmes forces. | Demander un tip à l’un, partager un des miens. |
| « Si ce n’est pas parfait, c’est raté. » | Assez bien et rendu > parfait et invisible. | Envoyer un exercice incomplet et demander 1 conseil. |
| « Je vais être démasqué·e. » | Je progresse, c’est normal d’hésiter. | Choisir volontairement une khôlle “qui pique”. |
Questions qu’on se pose tous… et réponses opérationnelles
Comment arrêter de ruminer après un DS ?
Fixe un timer de 15 minutes “autopsie” (erreur → cause → action). Puis stop. Remets le sujet dans une boîte ou un dossier dédié. La rumination n’ajoute pas de points ; la boucle d’apprentissage, si.
Je viens d’une “petite prépa”, j’ai ma place ?
Oui. Les concours évaluent des compétences et une méthode, pas l’étiquette de l’établissement. Travaille les formats, multiplie les annales, demande du feedback. C’est la répétition ciblée qui fait la différence.
Et si je stagne ?
Change une seule variable par semaine : ordre des matières, créneau d’attaque difficile, type d’exercices, binôme. Mesure. L’amélioration vient souvent d’un petit réglage répété.
À retenir
- Le syndrome de l’imposteur en prépa parle de perception, pas de valeur.
- On le traverse par des preuves accumulées, des rituels simples, des feedbacks précis et de la coopération.
- Ton objectif n’est pas de “ne plus douter”, mais de agir malgré le doute avec méthode.
