Pourquoi la France manque d’ingénieurs et comment y remédier

Le besoin en ingénieurs et techniciens en France devient un enjeu stratégique. Avec des estimations autour de 100 000 nouveaux professionnels par an d’ici 2035, les objectifs de réindustrialisation et de transition écologique risquent de rester inaccessibles sans un choc d’offre éducative et culturelle.
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Des filières scientifiques en perte de vitesse

Malgré une tradition d’excellence, la France voit fondre ses effectifs dans les filières scientifiques. Les élèves délaissent les maths et la physique, souvent jugées trop exigeantes ou peu attractives. Le problème commence dès le collège et s’aggrave au lycée. Le nombre d’inscrits dans les classes préparatoires scientifiques ou dans les bachelors scientifiques est en recul.

La désaffection pour les sciences ne vient pas seulement des difficultés perçues. Elle s’explique aussi par une image peu valorisante des métiers techniques, associée à une culture scolaire qui privilégie les disciplines littéraires ou juridiques. Cette vision est encore très ancrée dans les choix d’orientation.

Objectif : plus de 60 000 diplômés supplémentaires chaque année

Pour combler l’écart, les rapports convergent : il faudra former 60 000 ingénieurs et techniciens de plus par an, tout en activant le levier de la reconversion. Cette montée en puissance ne pourra pas se faire sans un renforcement massif du vivier scolaire et universitaire.

Des propositions concrètes pour les écoles d’ingénieurs

  • Élargir les critères de recrutement pour intégrer plus d’élèves issus de bacs technologiques ou en reconversion.
  • Attirer davantage de femmes avec des actions ciblées sur les stéréotypes de genre et la vie associative.
  • Multiplier les formations en alternance et en apprentissage, en lien avec les besoins des territoires.
  • Permettre aux BTS ou BUT de poursuivre vers un titre d’ingénieur par des passerelles plus souples.

Redonner envie de faire des sciences dès le primaire

La sensibilisation doit commencer tôt. Réhabiliter la culture scientifique dès l’école primaire est essentiel pour construire des vocations. Cela passe par une approche plus concrète et expérimentale des mathématiques, mais aussi par une meilleure formation des enseignants.

Le rapport recommande de fixer des objectifs chiffrés aux établissements pour diriger 5 à 10 % d’une classe d’âge vers les sciences. Des immersions régulières en entreprise dès le collège ou le lycée pourraient aussi renforcer l’intérêt pour ces parcours.

Financer sans creuser le déficit : une équation complexe

Former plus coûte cher. Pour répondre à la demande, le financement des formations scientifiques doit être repensé. Trois pistes principales sont évoquées :

  • Augmenter le nombre d’élèves par enseignant, dans des proportions raisonnables.
  • Réorienter les moyens vers les formations à forte insertion professionnelle.
  • Faire évoluer les frais d’inscription pour les étudiants non boursiers et étrangers.

Dans son scénario le plus ambitieux, l’Institut Montaigne propose une licence à 1 500 euros et un master à 3 000 euros par an. Les boursiers en seraient exemptés, mais ces montants pourraient permettre de couvrir jusqu’à 50 % des besoins de financement sans alourdir la dette publique.

Réformer la gouvernance universitaire

Pour répondre aux besoins du marché, les universités doivent aussi s’adapter. Cela implique une gouvernance plus agile, un meilleur usage des données d’insertion et une réactivité accrue face aux évolutions économiques. Le déploiement de l’outil Quadrant permettra bientôt de mesurer précisément l’impact professionnel de chaque formation.

Changer le regard sur les métiers techniques

Enfin, la culture autour du métier d’ingénieur doit évoluer. Il ne s’agit pas seulement de former plus, mais de donner envie. Cela suppose de revaloriser l’industrie, de montrer ses enjeux d’avenir (écologie, numérique, innovation) et de casser l’image élitiste ou poussiéreuse des carrières techniques.

Les ingénieurs seront au centre des défis majeurs des prochaines décennies : réindustrialisation, intelligence artificielle, transition énergétique. La France a toutes les cartes en main pour redevenir une grande nation scientifique, à condition de mettre les moyens au bon endroit, dès aujourd’hui.

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