Le motion design en deux lignes
Le motion design, c’est l’art de mettre en mouvement des graphismes (formes, pictos, typographie, interfaces) pour raconter une idée vite et bien. L’objectif n’est pas d’empiler des effets, mais de guider l’œil, hiérarchiser l’info et créer une expérience fluide.
Les 8 principes, expliqués simplement
1) Écrasement & étirement (squash & stretch)
Un classique. Déformer légèrement une forme lors d’un choc ou d’une accélération donne une sensation de poids et de matière. Étire quand ça part vite, écrase quand ça touche.
À tester
- Fais rebondir un cercle : étiré dans la chute, écrasé au contact, volume perçu constant.
- Reste subtil : sur de l’UI, l’effet doit être très léger.
2) Anticipation
Avant l’action principale, ajoute un micro-mouvement dans la direction opposée. L’œil est préparé, le geste paraît naturel.
À tester
- Avant l’apparition d’un panneau, décale-le d’1–2 px dans l’autre sens, puis lance l’entrée.
- Synchronise l’anticipation avec un accent sonore discret.
3) Slow in & slow out (assouplissement)
Peu de choses démarrent et s’arrêtent net dans la vraie vie. Accélération progressive, puis décélération : c’est l’easing. Résultat : un mouvement plus organique, moins robotique.
À tester
- Applique des courbes d’animation en S (entrée et sortie douces) aux positions et aux opacités.
- Évite le linéaire pour les éléments clés (titres, chiffres).
4) Trajectoires en arc
Dans la nature, on bouge rarement en ligne droite. Des arcs subtils donnent de la crédibilité et du style aux déplacements.
À tester
- Anime une icône sur une petite courbe plutôt qu’en droite parfaite.
- Pour un curseur d’interface, trace un arc doux lors du survol d’un bouton.
5) Suivi & chevauchement (follow through & overlapping)
Quand un objet s’arrête, ses parties ne s’arrêtent pas toutes en même temps. Un trait, une mèche, une poignée continuent un instant : c’est le suivi. Et certaines parties bougent à des vitesses différentes : c’est le chevauchement.
À tester
- Sur une carte qui glisse, fais « retarder » très légèrement l’ombre ou un badge.
- Sur un graphique en barres, fais arriver les étiquettes avec un petit retard maîtrisé.
6) Mise en scène (staging)
Organise le cadre pour que l’utilisateur comprenne quoi regarder, tout de suite. Contraste, taille, hiérarchie, lumière, profondeur : tout sert à focaliser l’attention.
À tester
- Réduis temporairement les décors (flou, opacité) quand un chiffre clé apparaît.
- Évite de faire bouger plusieurs éléments « importants » en même temps.
7) Action secondaire
Ajoute un petit mouvement qui renforce l’action principale sans la parasiter. Ça donne de la richesse sans brouiller la lecture.
À tester
- Quand un pictogramme se déploie, ajoute un bref scintillement ou un micro-bounce sur un détail.
- Garde l’amplitude très faible pour rester lisible sur mobile.
8) Timing & rythme
Le bon message, à la bonne vitesse. Le timing crée l’émotion, structure la narration et facilite la mémorisation. Trop lent : ennui. Trop rapide : info perdue.
À tester
- Règle une « cadence » : une info par plan, 2–3 temps forts par séquence courte.
- Réserve les vitesses extrêmes aux transitions, pas aux contenus clés.
« Si tout bouge, rien ne bouge. » — Règle d’or en motion design
Tableau mémo des principes
Principe | Effet recherché | Astuce d’animation | Erreur fréquente |
---|---|---|---|
Écrasement & étirement | Sensation de poids et de matière | Déformer légèrement à l’impact | Déformation trop forte en UI |
Anticipation | Préparer l’œil à l’action | Mini-mouvement inverse avant l’entrée | Anticipation trop longue |
Slow in & slow out | Mouvement naturel et fluide | Courbes en S pour positions/opacités | Interpolation linéaire partout |
Arcs | Crédibilité et élégance | Chemins courbes discrets | Lignes droites rigides |
Suivi & chevauchement | Inertie réaliste | Léger retard des éléments secondaires | Suraccumulation de retards |
Mise en scène | Focus immédiat | Contraste, flou d’arrière-plan | Tout bouge en même temps |
Action secondaire | Profondeur sans bruit visuel | Micro-mouvements synchronisés | Actions secondaires trop visibles |
Timing & rythme | Lecture facile, tension maîtrisée | Une info/plan, pauses utiles | Plans surchargés et précipités |
Conseils pratiques pour appliquer ces principes
Paramètres simples qui font la différence
- Durées courtes : 15–45 s pour social, 60–120 s pour une page produit.
- Lisibilité mobile : taille de typo généreuse, contrastes élevés, sous-titres intégrés.
- Une idée par plan : fractionne l’info, garde l’œil en contrôle.
- Transitions motivées : elles relient des idées, pas seulement des scènes.
Micro-checklist avant export
- Les easings sont-ils présents sur les entrées/sorties ?
- Y a-t-il au moins une pause par séquence pour respirer ?
- Le son souligne-t-il les temps forts sans couvrir la voix ?
- Les sous-titres sont-ils propres et synchro ?
- La poids du fichier est-il optimisé pour le web ?
Exemples d’application par type de projet
Explainer vidéo (30–60 s)
- Ouvre avec un accroche visuelle + chiffre clé (mise en scène).
- Chaîne 3–4 plans : problème → solution → preuve → appel à l’action.
- Soigne l’anticipation des éléments et un easing doux sur les mots-clés.
UI motion / produit
- Micro-interactions avec slow in/out très court (150–250 ms).
- Suivi léger sur ombres et badges au relâchement.
- Transitions en arc entre écrans cousins pour garder le contexte.
Data motion
- Une variation par plan (croissance, comparaison, part d’un tout).
- Mise en scène : fond atténué, focus sur la donnée active.
- Action secondaire : courte lueur lors d’un pic ou d’un seuil.
Questions express
Dois-je utiliser ces 8 principes tout le temps ?
Non. Choisis ceux qui servent l’intention. Sur une interface, un easing propre et du timing suffisent souvent.
Quelle intensité donner aux effets ?
Règle simple : moins, c’est mieux. Commence discret, augmente si c’est trop timide. La lisibilité reste prioritaire.
Comment progresser vite ?
Pratique courte et régulière. Réalise une micro-animation par semaine (5–10 s). Analyse des génériques, observe le rythme et les easings.