L’année 2025 commence avec une ombre persistante sur le marché de l’emploi. Les chiffres de France Travail sont sans appel : le nombre de demandeurs d’emploi en catégorie A a bondi de 3,9 % au dernier trimestre 2024, comparé au précédent. Cette tendance s’accentue encore plus pour les jeunes : le chômage des moins de 25 ans a explosé de 8,5 % en seulement trois mois.
Selon les données de la Dares, cette hausse atteint 7 % sur un an, confirmant la vulnérabilité particulière des jeunes actifs sur le marché du travail. Une question se pose alors : trouver un emploi est-il devenu plus difficile pour cette génération ?
Pourquoi les jeunes sont-ils les premiers touchés ?
Les jeunes travailleurs sont particulièrement exposés aux fluctuations économiques. Comme l’explique Denis Ferrand, économiste interrogé par RMC, le coût de licenciement étant plus faible pour les jeunes salariés, ils sont souvent les premiers à perdre leur emploi en cas de crise. Ils peinent aussi à intégrer durablement le marché du travail, notamment à cause des contrats précaires (intérim, CDD).
Les données de l’INSEE viennent appuyer cette tendance. Le PIB français a reculé de 0,1 % au dernier trimestre 2024, après une hausse de 0,4 % au trimestre précédent. Ce ralentissement économique, en partie lié à la fin de l’effet Jeux Olympiques, s’accompagne d’une baisse de la consommation des ménages et de l’investissement. Cette situation fragilise encore davantage l’emploi, notamment pour les jeunes actifs.
Un marché du travail en tension et des secteurs saturés
Tous les jeunes diplômés ne sont pas logés à la même enseigne. Certains secteurs offrent davantage d’opportunités que d’autres. Les filières en tension, comme les métiers du numérique ou de la santé, continuent de recruter. À l’inverse, certaines disciplines, notamment en sciences humaines et sociales, souffrent d’un excès de diplômés par rapport aux postes disponibles.
Par ailleurs, l’alternance est souvent mise en cause par les jeunes demandeurs d’emploi. Sur les réseaux sociaux, de nombreux diplômés dénoncent le manque d’offres en CDI ou CDD, remplacées par des contrats en alternance. Si cette voie reste un levier d’insertion efficace, elle ne garantit pas toujours une embauche après la formation.
L’alternance est aussi impactée par la politique budgétaire du gouvernement. Après plusieurs coupes dans les aides à l’apprentissage, l’année 2025 pourrait voir de nouvelles restrictions, réduisant ainsi les opportunités pour les jeunes.
Un problème européen : la France en mauvaise posture
Le chômage des jeunes ne concerne pas uniquement la France. Selon les statistiques d’Eurostat, le taux de chômage des moins de 25 ans s’élevait à 15,3 % en novembre 2024 au sein de l’Union européenne. Mais certains pays sont plus touchés que d’autres.
- Espagne : 26,6 %
- Roumanie : 25,3 %
- Suède : 24,6 %
- France : 20,5 % (au-dessus de la moyenne européenne)
- Allemagne : 6,4 %
- Pays-Bas : 8,7 %
Certains pays ont réussi à réduire le chômage des jeunes, comme la Grèce (-7,5 points en un an) et l’Italie (-2,8 points). À l’inverse, d’autres comme le Danemark (+4,4 points) ou la République tchèque (+3,1 points) ont vu leur situation se détériorer.
En France, l’augmentation du chômage des jeunes s’accompagne d’une montée de la précarité. Comme le souligne Stéphane Carcillo, économiste à l’OCDE, les jeunes sont plus souvent soumis à des contrats courts, les rendant plus vulnérables aux crises économiques. Cette instabilité freine leur accès au logement, à l’autonomie financière et, in fine, à une insertion professionnelle durable.
Pour 2025, les perspectives restent sombres. Les experts s’accordent à dire que l’emploi des jeunes restera fragile, notamment dans un contexte d’incertitude économique et politique. Avec des entreprises frileuses à l’idée d’embaucher, le défi sera de taille pour les nouvelles générations cherchant à entrer sur le marché du travail.
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