Une spécialiste des affaires financières
Dès son entrée dans la magistrature, elle s’oriente vers des dossiers complexes. D’abord juge aux affaires familiales au Havre, elle devient ensuite juge d’instruction à Pontoise, avant d’intégrer la 11e chambre correctionnelle du tribunal de Paris, spécialisée dans les délits économiques. Elle y travaille comme juge assesseure puis en devient la présidente.
Son nom apparaît dans plusieurs procès marquants. Elle a condamné Claude Guéant en 2015 dans l’affaire des primes en liquide au ministère de l’Intérieur. Elle a également dirigé le procès de l’ancien président du Medef, Ernest-Antoine Seillière, pour fraude fiscale dans l’affaire Wendel. Elle est aussi à l’origine de la relaxe d’Olivier Dussopt en 2024, finalement condamné en appel.
Juge d’instruction au pôle financier
Elle reprend plus tard une casquette d’instruction, en rejoignant le pôle financier. Elle y hérite de plusieurs dossiers laissés par Renaud Van Ruymbeke, dont celui sur les mondiaux d’athlétisme au Qatar, liés à des soupçons de corruption. Ces enquêtes illustrent la complexité des affaires qu’elle traite au quotidien.
La présidente du procès RN
En 2025, elle est au centre de l’actualité en présidant le procès des assistants parlementaires du Rassemblement national. Elle y dirige les débats avec rigueur, questionnant les 25 prévenus sans relâche. Lors du verdict, c’est elle qui annonce la condamnation de Marine Le Pen à quatre ans de prison, dont deux avec sursis, et cinq ans d’inéligibilité.
Lors de l’audience, face aux longues réponses de la principale prévenue, elle rappelle fermement : « Ici, on n’est pas en politique, on est devant un tribunal ». Une réplique devenue emblématique, qui résume son engagement pour une justice indépendante et impartiale.
Une juge non syndiquée et sous pression
Bénédicte de Perthuis n’est affiliée à aucun syndicat, ni à aucun groupe politique. Elle fait son travail loin des projecteurs… jusqu’à ce que sa décision dans l’affaire du RN déclenche une vague de critiques et de menaces de mort. Plusieurs sites d’extrême droite publient son nom, entraînant une enquête ouverte en janvier. Des patrouilles policières sont même déployées autour de son domicile pour assurer sa sécurité.
Face à ces attaques, le garde des Sceaux Gérald Darmanin dénonce publiquement ces actes comme inacceptables dans une démocratie. Le premier président de la cour d’appel de Paris exprime également sa préoccupation quant à ces tentatives de déstabilisation de l’appareil judiciaire. Dans un climat tendu, Bénédicte de Perthuis devient une figure de la résistance judiciaire face aux pressions politiques.
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