Une sélection guidée par une consultation massive
Les noms de ces influenceurs ne sont pas sortis de nulle part. Ils ont été désignés à l’issue d’une consultation citoyenne ayant rassemblé plus de 32 000 participants, majoritairement des lycéens. Objectif de la commission : comprendre l’effet des contenus sur les mineurs et identifier les dérives. Selon Arthur Delaporte, président de la commission, il s’agit aussi de savoir si ces créateurs sont conscients de l’impact de leurs publications.
AD Laurent : de la télé-réalité au porno
AD Laurent, alias Adrien Laurent, cumule plus de 1,8 million d’abonnés sur TikTok. Connu pour ses contenus ultra sexualisés, il a récemment vu son compte supprimé. Selon la ministre Aurore Bergé, ses vidéos véhiculeraient une image violente et sexiste de la sexualité. L’intéressé se défend, affirmant qu’il ne fait qu’exercer sa liberté et que c’est à la plateforme de modérer, pas à lui d’éduquer.
Il est également visé par une plainte pour viol aggravé. Il nie fermement les faits, dénonçant un manque total d’éléments concrets. Cette affaire pèse lourd dans l’image qu’il renvoie auprès de son jeune public.
Julien et Manon Tanti : business douteux à Dubaï
Anciennes stars de télé-réalité reconverties en influenceurs à Dubaï, les Tanti sont critiqués pour leur manière d’exposer leurs enfants et pour avoir promu des placements financiers sans transparence. Julien a même été sanctionné par la DGCCRF pour pratiques commerciales trompeuses.
Ils ont été contraints de publier pendant un mois une vidéo d’avertissement sur les risques du copy-trading. Une décision inédite qui montre à quel point les pratiques de certains créateurs échappent encore trop souvent à la régulation.
Nasdas : entre générosité et mise en scène
Nasdas, suivi par plusieurs millions de jeunes, est connu pour ses vidéos filmées dans son quartier de Perpignan. Il y distribue de l’argent, des cadeaux, parfois même chez lui. Sa notoriété lui a rapporté plus de 500 000 euros en 2021.
Si sa démarche peut paraître altruiste, elle soulève aussi des inquiétudes. Mettre en scène la pauvreté, créer une dépendance à la générosité d’un influenceur : est-ce le bon modèle pour les jeunes ? Certains députés s’en inquiètent et comptent bien lui poser la question.
Des questions de fond sur la modération
Au-delà des personnalités, c’est le fonctionnement même des plateformes qui est remis en cause. TikTok, Meta, Snapchat, YouTube, X… Toutes sont pointées du doigt pour leur manque de modération face aux contenus jugés violents, haineux ou inadaptés. Le gouvernement exige des règles claires, sous peine de sanctions.
La ministre Aurore Bergé l’a affirmé : si les réseaux ne réagissent pas rapidement, la loi interviendra. Des comptes problématiques doivent être bannis, surtout s’ils influencent des millions de jeunes. L’État attend donc des actions concrètes, pas seulement des promesses.
Un tournant pour l’influence en ligne ?
La commission ne veut pas se substituer à la justice. Son objectif est de comprendre et d’agir. Elle souhaite éclairer les mécanismes derrière la création de contenu : comment fonctionne l’algorithme, quels sont les moyens de rémunération, et surtout quels sont les risques pour la santé mentale des jeunes.
Et après ?
Les conclusions définitives de cette commission seront publiées au plus tard le 12 septembre. Elles pourraient bien redéfinir le rôle des influenceurs et imposer de nouvelles obligations aux plateformes. D’ici là, toutes les oreilles seront tournées vers l’Assemblée nationale pour voir ce que ces créateurs auront à dire face aux députés.