À Metz, un visiteur mange la banane de l’œuvre de Maurizio Cattelan

La scène a surpris autant les visiteurs que les agents de sécurité : samedi midi, au centre Pompidou-Metz, un homme a décollé puis mangé la banane de l’œuvre Comedian de l’artiste italien Maurizio Cattelan. Estimée à plus de 6 millions de dollars, cette œuvre conceptuelle interroge encore une fois les limites entre art, performance et provocation.
banane metz musée

Un acte spontané dans une exposition surveillée

Le geste s’est produit sans violence, mais avec une forte charge symbolique. L’homme, resté anonyme, s’est simplement approché de l’œuvre, a retiré le fruit scotché au mur, l’a épluché, puis l’a mangé. Le tout, devant des visiteurs médusés. L’équipe de sécurité du musée a réagi calmement et rapidement, comme le précise le centre Pompidou dans un communiqué.

« Le fruit n’est qu’un élément périssable de l’œuvre, remplaçable à tout moment selon le protocole défini par l’artiste. »

Aucune plainte n’a été déposée et la banane a été remplacée dans les minutes qui ont suivi. L’œuvre reste visible dans le cadre de l’exposition Dimanche sans fin, qui se poursuit jusqu’en novembre.

La valeur de l’art remise en question

Ce n’est pas la première fois qu’une banane signée Cattelan est mangée. En 2019, à Miami, un performeur avait croqué une version précédente de Comedian vendue à l’époque 120 000 dollars, pour dénoncer ce qu’il considérait comme une dérive du marché de l’art contemporain.

En 2024, l’un des exemplaires a été revendu à Justin Sun, entrepreneur dans la cryptomonnaie, pour 6,2 millions de dollars. Celui-ci avait également mangé la banane peu après son achat, affirmant devant les caméras :

« Elle est bien meilleure que les autres bananes. »

Avec Comedian, Maurizio Cattelan ne cherche pas à créer une œuvre figée, mais une réflexion vivante sur la valeur de l’art. Le concept repose sur une simple banane, du ruban adhésif gris, et un mur blanc. C’est l’idée, le protocole, et le certificat de l’artiste qui donnent à l’ensemble sa valeur artistique – et commerciale.

Le musée rappelle que le protocole officiel impose de remplacer la banane dès qu’elle noircit, ce qui renforce le côté éphémère de la création. D’un point de vue juridique, c’est le certificat et l’édition limitée de l’œuvre qui comptent, pas le fruit en lui-même.

Un visiteur en désaccord avec la valeur de l’œuvre

D’après le Républicain lorrain, le visiteur aurait expliqué avoir été choqué par la valeur attribuée à une simple banane. Il aurait volontairement mangé le fruit pour protester contre ce qu’il perçoit comme une absurdité du monde de l’art.

L’artiste, contacté par le musée, a déclaré regretter que certains « confondent le fruit et l’œuvre elle-même », rappelant que l’essence de Comedian ne réside pas dans le fruit, mais dans le geste et le concept derrière l’installation.

Une performance malgré elle

Ce nouvel épisode pourrait bien être perçu comme une performance involontaire, prolongeant le sens même de l’œuvre. L’homme, en croquant la banane, a offert une interprétation directe de ce que Cattelan critique lui-même : le marché, la spéculation, la superficialité de certaines approches de l’art contemporain.

Le centre Pompidou-Metz n’a pas souhaité réagir davantage, préférant laisser le public interpréter librement ce qu’il s’est passé. Pour certains, c’est du vandalisme. Pour d’autres, c’est une forme de participation au concept.

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