Un robot qui imite une grossesse humaine
Le concept est porté par Kaiwa Technology, une entreprise basée à Guangzhou et dirigée par le scientifique Zhang Qifeng, affilié à l’Université technologique de Nanyang à Singapour. L’idée est simple à formuler mais complexe à réaliser : créer un humanoïde équipé dans son abdomen d’un utérus artificiel, où un fœtus pourra se développer pendant neuf mois.
Le fœtus serait entouré d’un fluide amniotique synthétique et nourri via un système de tubes, imitant le cordon ombilical naturel. Le robot devrait ainsi reproduire, étape après étape, le processus biologique d’une grossesse.
Une avancée déjà à un stade « mature »
Selon le Dr Zhang, la technologie est déjà « à un stade avancé ». La prochaine étape consiste à l’intégrer dans un robot humanoïde pour permettre une interaction réelle entre l’humain et la machine. Cette fusion entre biotechnologie et robotique pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de reproduction assistée.
« Maintenant, il faut l’implanter dans l’abdomen du robot pour que celui-ci interagisse avec une personne réelle et permette au fœtus de se développer », explique Zhang Qifeng.
Le prix annoncé tournerait autour de 100 000 yuans, soit environ 14 000 dollars, un coût bien inférieur à celui d’une gestation pour autrui dans de nombreux pays.
Un espoir pour les couples infertiles
Environ 15 % des couples dans le monde rencontrent des problèmes d’infertilité. Pour eux, cette technologie pourrait représenter une alternative inédite. Certaines personnes qui refusent la grossesse biologique, pour des raisons de santé ou personnelles, pourraient également y trouver une option.
Cette innovation rejoint la longue liste des solutions développées pour accompagner la reproduction humaine : fécondation in vitro, dons de gamètes, gestation pour autrui. Mais ici, la machine deviendrait l’acteur central du processus.
Des questions éthiques majeures
L’annonce ne laisse personne indifférent. Les débats se concentrent sur plusieurs points : le lien mère-enfant, la manière dont seront obtenus les ovocytes et les spermatozoïdes, mais aussi l’impact psychologique d’une naissance sans grossesse humaine.
Les autorités de la province du Guangdong travaillent déjà avec l’équipe de chercheurs pour réfléchir à un cadre juridique. Les discussions portent autant sur la protection des enfants nés de cette méthode que sur les droits des futurs « parents ».
Un prolongement des recherches sur l’utérus artificiel
Ce projet ne sort pas de nulle part. En 2017, une équipe américaine avait déjà fait grand bruit en maintenant en vie des agneaux prématurés dans un « biobag » rempli de liquide amniotique artificiel. Les fœtus avaient poursuivi leur croissance et développé leur laine. La Chine va un cran plus loin en intégrant cette technologie à un humanoïde capable de simuler une grossesse complète.
Un futur encore incertain
Si le prototype attendu en 2026 fonctionne, ce sera une révolution scientifique et sociétale. Mais de nombreuses zones d’ombre subsistent : comment la fécondation sera-t-elle réalisée ? Quelles limites légales fixer ? Et surtout, comment la société acceptera-t-elle qu’une machine porte un enfant humain ?
Entre promesse d’innovation et inquiétudes éthiques, la Chine place une nouvelle fois la barre très haut dans la course mondiale à la biotechnologie et à l’intelligence artificielle. Pour les jeunes générations, habituées à voir la science repousser les frontières du possible, cette avancée illustre à quel point l’avenir de la reproduction pourrait être bouleversé.