Évolution du coût de la vie étudiante
Les chiffres de la précarité étudiante
En 2025, le coût moyen de la vie étudiante s’élève à environ 1226 € par mois, en hausse de 4,12 % par rapport à 2024. Cette augmentation représente plus de 800 € supplémentaires sur l’année. Depuis 2017, le coût total a bondi de près de 32 %, marquant une tendance lourde.
Année | Coût moyen mensuel | Évolution annuelle |
---|---|---|
2023 | 1119 € | +3,5 % |
2024 | 1175 € | +5 % |
2025 | 1226 € | +4,12 % |
Un déséquilibre entre aides et dépenses
Alors que les frais fixes explosent, les bourses sur critères sociaux stagnent. Le maximum reste inférieur à 600 € par mois, soit à peine la moitié du budget nécessaire pour vivre dignement. L’écart entre aides publiques et besoins réels atteint des niveaux records.
« Les étudiant·e·s ne choisissent plus entre tel ou tel loisir, mais entre se loger, se nourrir ou continuer leurs études » témoigne une militante de l’UNEF interrogée à Paris.
Des politiques antisociales toujours en place
Réforme des bourses : une promesse jamais tenue
Chaque rentrée, le gouvernement annonce vouloir moderniser le système des bourses. Pourtant, aucune réforme structurelle n’a vu le jour. La majorité des étudiant·e·s restent exclus du dispositif (près de 74 %).
Hausse continue des frais d’inscription
Les frais universitaires connaissent une nouvelle hausse en 2025. Les étudiant·e·s étranger·e·s hors UE payent jusqu’à 2850 € en licence et 3879 € en master, soit 16 fois plus que les étudiant·e·s français. Un choix politique qui accentue la sélection sociale.
La CVEC, une taxe injuste
Créée en 2018 à 90 €, la CVEC atteint désormais 105 €. Officiellement destinée à financer la vie de campus, elle illustre surtout le désengagement de l’État, puisque les étudiant·e·s doivent eux-mêmes combler les manques budgétaires des universités et des CROUS.
Les principaux postes de dépenses
Le logement
Le loyer reste le premier poste de dépense : 609 € en moyenne dans le privé, 857 € en Île-de-France et 421 € dans les résidences CROUS. Une hausse de plus de 3 % en un an, alors que les promesses de construction de logements étudiants restent très loin d’être tenues.
Les transports
Un·e étudiant·e boursier·e débourse en moyenne 246 € par an pour ses déplacements, contre 272 € pour un·e non-boursier·e. Mais dans certaines métropoles, la facture dépasse largement les 300 €, ce qui pousse des jeunes à limiter leurs déplacements ou à refuser certaines formations.
L’alimentation
Malgré une inflation alimentaire qui ralentit, les prix restent élevés. Les étudiant·e·s se tournent souvent vers des repas moins équilibrés. Le repas CROUS à 1 € pour les boursiers est maintenu, mais les places sont limitées et de nombreuses cafétérias affichent des tarifs supérieurs.
Des étudiant·e·s particulièrement touché·e·s
Les étudiant·e·s étranger·e·s
Exclus du système de bourses, soumis à des frais différenciés et à des démarches administratives coûteuses, les étudiant·e·s étranger·e·s sont en première ligne de la précarité étudiante. Beaucoup doivent travailler au détriment de leur réussite universitaire.
Les étudiant·e·s ultramarin·e·s
Le coût de la vie dans les DROM est supérieur de 7 à 10 % à celui de la métropole. Les aides spécifiques, comme le complément de bourse de 30 €, restent largement insuffisantes face à ce surcoût structurel.
Les inégalités de genre
Les femmes et personnes assignées femmes dépensent en moyenne 848 € de plus par an que les hommes. Les frais liés à la précarité menstruelle ou aux soins gynécologiques en sont les principales causes.
L’enseignement privé en expansion
Alors que le public est sous-financé, les écoles privées continuent de croître. Les frais d’inscription atteignent en moyenne 12 600 € par an. Plus d’un quart des étudiant·e·s suivent désormais une formation privée, parfois par contrainte faute de place dans le public.
Type d’établissement | Coût mensuel moyen | Coût annuel moyen |
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Université publique | 1226 € | 14 712 € |
École privée | 2173 € | 26 076 € |
Vers un projet de société pour la jeunesse
Allocation d’autonomie
Les syndicats étudiants demandent une allocation universelle pour les jeunes, calculée au niveau du seuil de pauvreté (1216 € en 2025). Elle permettrait d’assurer une vraie autonomie sans dépendre des parents ni du salariat précaire.
Un réinvestissement massif dans les services publics
Les CROUS et les universités ont besoin d’un financement stable. Les budgets actuels ne permettent ni de construire suffisamment de logements, ni de recruter du personnel enseignant et administratif. Les organisations étudiantes demandent +8 milliards d’euros pour remettre le système à flot.
Un enseignement supérieur gratuit et ouvert à tou·te·s
L’abrogation des frais différenciés pour les étudiant·e·s étranger·e·s, la suppression de la CVEC et la fin de la sélection à l’université font partie des revendications centrales. L’objectif : redonner à l’université sa mission première d’émancipation sociale.