Des touristes auraient payé pour tirer sur des civils à Sarajevo

Pendant le siège de Sarajevo dans les années 1990, des ressortissants européens auraient payé pour participer à de véritables « safaris humains ». Une enquête italienne tente aujourd’hui d’identifier ces individus qui auraient tiré sur des civils bosniens comme un « divertissement ». Des révélations glaçantes qui ravivent les blessures d’une guerre encore récente.
guerre sarajevo

Un soupçon qui ressurgit trente ans après

Le parquet de Milan a ouvert une enquête visant des Italiens accusés d’avoir déboursé jusqu’à 100 000 euros pour rejoindre des positions de tireurs embusqués autour de Sarajevo, alors assiégée par les forces serbes de Bosnie. Entre 1992 et 1996, plus de 11 500 personnes ont été tuées dans la capitale bosnienne, dont une partie par des snipers postés sur les hauteurs.

Selon plusieurs médias européens, ces « snipers du week-end » venaient principalement d’Italie, mais aussi d’Allemagne, de France et du Royaume-Uni. Ils étaient transportés depuis Trieste jusqu’aux collines serbes où ils auraient été autorisés à viser des civils coincés dans la ville assiégée.

Des témoignages qui décrivent un “safari humain”

L’affaire refait surface après la plainte du journaliste italien Ezio Gavazzeni, qui affirme avoir recueilli des déclarations accablantes. Dans la presse italienne, il rapporte que ces individus étaient souvent des hommes aisés, passionnés d’armes, parfois liés à l’extrême droite.

« Il s’agit de personnes fortunées, jouissant d’une bonne réputation, qui ont payé pour tuer des civils non armés », accuse Ezio Gavazzeni.

D’après les premiers éléments de l’enquête, les tarifs variaient selon les cibles. Tirer sur des adultes aurait coûté moins cher que viser des enfants. Une information choquante, encore difficile à vérifier mais prise très au sérieux par la justice italienne.

La justice bosnienne en difficulté, l’Italie prend le relais

Pourquoi cette enquête n’a-t-elle pas été menée plus tôt en Bosnie ? Les autorités locales, encore marquées par les divisions nées de la guerre, auraient eu du mal à poursuivre des suspects étrangers. Du côté serbe, certains responsables ont longtemps affirmé qu’il s’agissait d’une « légende urbaine ».

Mais en Italie, le procureur Alessandro Gobbis estime au contraire que des éléments crédibles existent. Il cherche désormais à identifier une liste de dizaines de suspects. Plusieurs témoins, dont d’anciens agents des services de renseignement bosniens, ont affirmé que des archives classifiées pourraient contenir des traces de ces “touristes de la guerre”.

Un épisode sombre qui interroge encore aujourd’hui

Le siège de Sarajevo est l’un des épisodes les plus tragiques de l’histoire européenne contemporaine. Voir ressurgir des récits de chasse à l’homme organisée choque profondément. L’ancienne maire de Sarajevo, Benjamina Karic, salue d’ailleurs l’ouverture de l’enquête italienne et appelle à faire la lumière sur ces crimes, même trois décennies plus tard.

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