Un trésor caché sous les eaux peu profondes
Situé au cœur de la mer de Bohai, au nord-est du pays, le gisement Qinhuangdao 29-6 surprend par sa configuration. Contrairement aux images d’Épinal des forages ultra-profonds, cette réserve se trouve dans des formations dites « superficielles » du Néogène. Concrètement, le pétrole est là, plus accessible que prévu.
Les chiffres communiqués par la CNOOC donnent le vertige et attestent du potentiel industriel immédiat du site :
- 100 millions de tonnes d’équivalent pétrole en place.
- Un puits de test capable de produire environ 370 tonnes de brut par jour (soit environ 2 560 barils).
- Une profondeur de forage de 1 688 mètres pour atteindre une zone productrice de plus de 66 mètres d’épaisseur.
Le brut extrait est qualifié de « moyen-lourd ». Cette découverte valide une nouvelle approche géologique. Les ingénieurs ont exploré des zones de pente que l’on pensait jusqu’ici stériles, remettant en cause les théories conventionnelles sur la migration des hydrocarbures.
La mer de Bohai : le nouveau coffre-fort énergétique
Ce n’est pas un coup d’essai pour la Chine dans cette région. La mer de Bohai est devenue, en quelques années, le poumon de la production offshore chinoise. Qinhuangdao 29-6 est, tenez-vous bien, le septième gisement de cette envergure découvert dans la zone depuis 2019.
La mer de Bohai s’impose désormais comme la première base de production de pétrole brut du pays, cumulant une production historique de plus de 600 millions de tonnes.
L’année 2025 marque d’ailleurs un tournant historique pour ce bassin maritime. Juste avant l’annonce de cette découverte, la CNOOC confirmait que le champ pétrolifère de Bohai avait franchi la barre symbolique des 40 millions de tonnes de production annuelle. Une croissance portée par la mise en service rapide de nouveaux projets et l’optimisation des champs matures, dont certains affichent plusieurs décennies d’exploitation au compteur.
Une question de souveraineté nationale
Pourquoi cette découverte est-elle si critique pour Pékin ? La réponse tient en un mot : sécurité. La Chine reste le premier importateur mondial de pétrole, avec une consommation gargantuesque qui la rend vulnérable aux soubresauts géopolitiques.
Chaque baril puisé dans les eaux territoriales chinoises est un baril qui n’a pas besoin d’être importé du Moyen-Orient ou de traverser des zones de tension. L’offshore est devenu le moteur de cette quête d’autonomie. Les statistiques du 14e plan quinquennal sont claires : le pétrole offshore représente aujourd’hui plus de 60 % de la croissance de la production nationale d’or noir.
Entre prouesse technologique et virage vert
L’image de l’industrie pétrolière sale et archaïque est en train d’être dépoussiérée par ces nouvelles plateformes. La découverte de Qinhuangdao 29-6 et l’exploitation de la mer de Bohai s’accompagnent d’une transformation numérique et écologique massive.
La CNOOC ne se contente pas de forer ; elle connecte. Plus de 80 % des champs pétroliers de la zone sont désormais reliés au réseau électrique terrestre. Cela signifie que l’énergie nécessaire pour faire tourner les plateformes ne provient plus de générateurs diesel polluants installés en mer, mais d’une électricité plus propre venue de la côte. En parallèle, des systèmes de production sous-marins et des technologies de pilotage à distance (« champs intelligents ») sont déployés pour maximiser l’efficacité et réduire l’empreinte humaine sur site.
Avec cette nouvelle découverte massive, la Chine envoie un signal fort aux marchés : sa soif d’énergie est loin de tarir, mais sa capacité à y répondre par ses propres moyens n’a jamais été aussi grande.








