Un sacre attendu pour la « Grande Déesse »
Les pronostics ne s’étaient pas trompés. Depuis le début de l’aventure, Hinaupoko Devèze (dont le prénom signifie « Grande déesse » en marquisien) dominait les sondages et les réseaux sociaux. Pourtant, la victoire n’était pas jouée d’avance. La soirée a offert un suspense insoutenable avec un Top 2 historique opposant Tahiti à la Nouvelle-Calédonie, Juliette Collet. C’est finalement Hinaupoko qui offre à la Polynésie sa sixième couronne, succédant à la légendaire Vaimalama Chaves, dernière Tahitienne titrée en 2019.
Dans ses premiers mots, l’émotion était palpable : « J’ai un cocktail d’émotions, je n’arrive pas à réaliser… C’est une victoire pour tout un peuple ». Une victoire d’autant plus symbolique qu’elle a su conquérir le cœur du jury et des téléspectateurs malgré les rumeurs de dernière minute sur son comportement, qu’elle a balayées avec élégance sur scène.
Entre cigales et ukulélé : une Miss au double héritage
Si elle a triomphé sous les couleurs de la Polynésie, Hinaupoko Devèze est le fruit d’un métissage culturel riche. Née à Papeete d’une mère marquisienne et d’un père métropolitain, elle a grandi entre deux mondes. Comme elle l’a joliment résumé lors de son discours : « Mon enfance a autant été bercée par le chant des cigales que par la mélodie du ukulélé ».
Après avoir passé 15 ans dans le sud de la France (dans le Gard et à Montpellier), elle a fait le choix du cœur en 2023 : retourner vivre sur sa terre natale pour se reconnecter à ses racines. Un retour aux sources gagnant pour celle qui travaille aujourd’hui comme secrétaire administrative dans le tourisme vert.
Du harcèlement scolaire à la santé mentale : le combat d’une vie
Ne vous fiez pas à son assurance sur le podium. Hinaupoko revient de loin. Du haut de son 1,82m — ce qui fait d’elle la plus grande candidate de cette promotion — elle a longtemps souffert du regard des autres. Surnommée « la girafe » dans la cour de récréation, elle a transformé ce complexe en atout majeur.
Mais son véritable combat est ailleurs. Diplômée en psychologie, la nouvelle Miss France veut briser le tabou de la santé mentale. Elle-même victime d’un burn-out et d’une dépression durant la pandémie de Covid-19, elle refuse l’image de la Miss « parfaite ».
« Être Miss, ce n’est pas être parfait. C’est être humain, sensible et engagé. Je rêve d’un monde où on ose dire quand on ne va pas bien, sans honte ni crainte. »
En parlant ouvertement de ses failles, elle s’adresse directement à une génération souvent sous pression, prouvant que la vulnérabilité peut être une force.
Clip de rap et caractère bien trempé
Hinaupoko Devèze n’est pas une Miss formatée. Avant de porter l’écharpe, elle a vécu. Mannequin pour payer ses études, elle a notamment fait une apparition remarquée (et assumée !) comme figurante dans le clip « Doudou » des rappeurs Koba LaD et Naps. Une anecdote qui prouve qu’elle est connectée à la réalité de son époque, loin des clichés poussiéreux.
Quant aux bruits de couloir sur son utilisation du téléphone ou son caractère supposément « insolent » lors du voyage de préparation ? Elle a répondu présente sur le terrain, prouvant que le caractère et la détermination sont des qualités essentielles pour porter la couronne de Miss France.








