La cyberviolence a de nouveau frappé une figure publique, et cette fois, c’est Bilal Hassani qui se retrouve au cœur d’une affaire judiciaire. Le chanteur, qui représente pour beaucoup une icône de diversité et d’acceptation de soi, fait face à une vague de haine d’une ampleur inédite. Le 13 novembre 2024, cinq hommes comparaîtront devant le Tribunal correctionnel de Paris, accusés de cyberharcèlement contre l’artiste.
Tout commence en avril 2023, lorsque Bilal Hassani annonce un concert à la basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains à Metz, un ancien édifice religieux désacralisé. Cette annonce provoque une réaction virulente de groupes d’extrême droite et de militants catholiques conservateurs, qualifiant cet événement de “profanation”. Les réseaux sociaux s’enflamment rapidement, et Bilal Hassani devient la cible de menaces de mort, d’injures racistes et homophobes.
La situation devient si tendue que le chanteur doit finalement annuler son concert pour des raisons de sécurité, tout en déposant une plainte contre X pour « provocation publique et directe à commettre un crime ou un délit ». Cette décision marque un tournant dans l’histoire de cette affaire, qui attirera l’attention des autorités judiciaires.
Face à l’ampleur des menaces, le Pôle national de lutte contre la haine en ligne du Parquet de Paris se saisit du dossier. Après une enquête minutieuse de plus d’un an et demi, cinq individus sont identifiés et renvoyés devant la justice. Ils seront jugés pour injure publique et provocation à la haine en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de genre, ainsi que pour provocation publique et directe non suivie d’effet à commettre un crime ou un délit.
Les charges sont lourdes, et pour les avocates de Bilal Hassani, Isabelle Wekstein et Clara Steg, ce procès est essentiel. Dans un communiqué, elles soulignent l’importance de cette procédure :
Ces faits d’une extrême gravité ne peuvent rester impunis. Cette décision de renvoi est un signal important adressé à ceux qui propagent la haine sur les réseaux sociaux, anonymes ou non.
Depuis sa participation à l’Eurovision, Bilal Hassani a souvent été la cible de messages haineux en raison de son orientation sexuelle et de son identité de genre. En 2019 déjà, il avait dû faire face à un torrent d’insultes homophobes et racistes, qui l’avaient poussé à désactiver temporairement son compte sur X.
Les attaques envers lui ne se sont jamais vraiment arrêtées, allant même jusqu’à des menaces de mort à un rythme de 1 500 messages de haine par minute selon sa mère, qui est également sa manager. Malgré ce harcèlement intense, Bilal Hassani continue de promouvoir l’acceptation de soi et la diversité, transformant chaque épreuve en source de force pour ses nombreux fans.
De nombreuses personnalités publiques, dont Hoshi qui a elle aussi été victime de harcèlement, soutiennent Bilal Hassani dans cette épreuve, espérant que la justice saura dissuader les futurs harceleurs en ligne.
Pour Bilal Hassani, ce procès est plus qu’une quête de justice personnelle ; il représente aussi un combat pour protéger les jeunes, particulièrement vulnérables face aux intimidations en ligne. Dans plusieurs interviews, il a évoqué la façon dont il a dû construire une sorte de « bulle » pour se protéger des attaques incessantes, tout en affirmant son souhait de faire évoluer les mentalités. « La réalité est très lourde, mais j’ai dû me construire une carapace pour continuer », confie-t-il dans une interview.
En plus de cet engagement, l’artiste aborde dans ses chansons, notamment dans son album “Théorème”, les thématiques de la tolérance et de la diversité. Dans la chanson Tom, il évoque un garçon qui, comme lui, doit composer avec les jugements de la société et les attentes de ceux qui ne le comprennent pas. Une manière pour lui de sensibiliser son public à l’importance de l’acceptation de soi.