La députée Christine Engrand, élue du Rassemblement National (RN) dans la 6ᵉ circonscription du Pas-de-Calais, se retrouve au cœur d’une polémique après les révélations de Mediapart. D’après le média d’investigation, l’élue aurait utilisé son enveloppe de frais de mandat pour régler des dépenses personnelles, des accusations qu’elle a partiellement reconnues en parlant de “maladresses de début de mandat”.
Des dépenses personnelles couvertes par des fonds publics
Selon Mediapart, la députée aurait pioché dans son enveloppe de 5 950 euros par mois destinée aux frais liés à son mandat pour couvrir des dépenses sans rapport avec son activité parlementaire. Parmi ces dépenses figurent la pension de ses chiens Smoothie et Chouchou, qui aurait coûté plusieurs milliers d’euros entre 2022 et 2023, ainsi qu’un abonnement à un site de rencontres, pour un montant de 39,99 euros par mois. Plus surprenant encore, l’élue aurait réglé les frais d’obsèques de sa mère à hauteur de près de 6 000 euros en utilisant ces mêmes fonds publics.
Interrogée par Mediapart, Christine Engrand a d’abord nié ces transactions avant de finalement reconnaître des “erreurs”. Elle a notamment expliqué que ces frais résultaient d’une confusion entre ses cartes bancaires personnelles et professionnelles. Elle a également mis en avant son manque d’expérience dans la gestion des finances parlementaires, affirmant qu’elle n’avait reçu aucune formation en 2022 lors de son entrée à l’Assemblée nationale. Selon elle, ces erreurs seraient survenues en partie à cause d’un problème de gestion des justificatifs de paiement, certains ayant été perdus dans une inondation.
“Je suis immédiatement allée voir le déontologue pour m’en excuser et j’ai remboursé tout de suite”, a-t-elle ajouté, précisant que l’intégralité des dépenses contestées avait été remboursée. Christine Engrand a également déclaré avoir désormais recours à un comptable pour gérer ses frais, afin d’éviter de nouveaux problèmes.
Malgré ces explications, la justification de la députée concernant son utilisation des fonds publics continue de susciter des interrogations. Christine Engrand a également déclaré que, depuis son élection, elle avait vu son pouvoir d’achat diminuer, expliquant qu’elle gagnait désormais moins que dans ses activités précédentes. Selon les estimations, elle touche environ 8 434,85 euros par mois, un montant qui inclut son salaire de députée ainsi que son indemnité de conseillère régionale des Hauts-de-France.
Malgré cela, elle a déclaré à Mediapart : “L’enveloppe qu’on nous donne, je trouve qu’elle est très très short”, en faisant référence à l’avance de frais de mandat de 5 950 euros mensuels. Cette déclaration a particulièrement surpris, sachant que les députés français sont également couverts pour un grand nombre de dépenses, y compris les transports en train, qui sont entièrement pris en charge par l’Assemblée nationale.
Des dépenses remboursées mais des questions qui persistent
Si Christine Engrand a effectivement remboursé les sommes en question, ces révélations n’en restent pas moins préoccupantes. Les règles encadrant l’utilisation des frais de mandat des députés sont très claires : ces fonds sont destinés à couvrir les dépenses liées exclusivement à l’exercice de leurs fonctions. Toute utilisation à des fins personnelles constitue un détournement de fonds publics, même si les sommes sont remboursées par la suite.
Le Rassemblement National, informé de ces dépenses litigieuses, n’a pas souhaité commenter l’affaire. Mediapart précise que Christine Engrand n’était pas présente à la rentrée politique de Marine Le Pen, un fait qui pourrait signaler une certaine distance entre l’élue et la direction du parti.
Cette affaire soulève des questions plus larges sur l’utilisation des fonds publics par les élus et leur responsabilité en matière de gestion financière. Christine Engrand n’est pas la première députée à faire face à des accusations de ce type, mais son cas met en lumière les difficultés qu’éprouvent certains nouveaux élus à comprendre et respecter les règles entourant l’utilisation des fonds alloués à leurs mandats.