Le président américain Joe Biden a officiellement autorisé l’Ukraine à utiliser des missiles ATACMS, des armes à longue portée fournies par les États-Unis, pour frapper des cibles stratégiques en Russie. Cette décision marque un tournant dans la politique américaine en matière de soutien militaire à Kiev et intervient dans un contexte de tensions croissantes liées à l’escalade du conflit.
Les missiles ATACMS ont une portée pouvant atteindre 300 kilomètres, bien supérieure aux systèmes HIMARS déjà utilisés par l’Ukraine (portée de 80 km). Cette capacité permettra à Kiev de frapper en profondeur des cibles cruciales, telles que :
- Des dépôts de munitions,
- Des lignes de ravitaillement,
- Des bases aériennes,
- Des concentrations de troupes russes et nord-coréennes.
L’Ukraine a désormais la possibilité de frapper des zones auparavant hors de portée, ce qui pourrait ralentir les offensives russes et affaiblir leur logistique.
Le contexte international
La décision de Joe Biden intervient alors que la Russie a intensifié sa coopération militaire avec la Corée du Nord. Selon les services de renseignement américains et sud-coréens, 10 000 soldats nord-coréens ont été déployés en Russie, notamment dans la région de Koursk, en soutien aux forces russes. Pyongyang aurait également fourni des munitions pour renforcer les stocks russes, déjà affaiblis par les combats.
Cette alliance inattendue a été perçue comme une provocation majeure par les États-Unis et leurs alliés, et elle a probablement pesé dans la décision d’autoriser les frappes ukrainiennes en territoire russe.
Jusqu’à présent, Washington s’était montré réticent à autoriser de telles frappes, invoquant les risques d’escalade militaire avec Moscou. Le président russe Vladimir Poutine avait prévenu que l’utilisation de ces missiles sur le territoire russe serait considérée comme une déclaration de guerre par l’Otan.
Malgré ces avertissements, l’administration Biden a estimé que la situation nécessitait une réponse ferme. L’attaque massive menée récemment par la Russie sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes, causant plusieurs dizaines de morts et blessés, a été un facteur décisif.
Cette décision intervient également à deux mois de la fin du mandat de Joe Biden et avant l’investiture de Donald Trump, connu pour ses intentions de réduire le soutien militaire à l’Ukraine. Le président Biden cherche ainsi à consolider son héritage en renforçant les capacités militaires de Kiev avant une possible inflexion de la politique américaine.
L’impact sur le conflit
Avec les missiles ATACMS, l’Ukraine pourrait renverser l’équilibre des forces dans certaines régions stratégiques, notamment autour de Koursk, où les combats font rage. Ces armes permettent des frappes précises sur des cibles éloignées, offrant à Kiev un avantage tactique significatif.
- Russie : Moscou a dénoncé cette décision comme une escalade irresponsable et a menacé de répondre par des attaques plus agressives, y compris sur des bases américaines en Europe.
- Alliés européens : La France et le Royaume-Uni, qui ont déjà fourni des missiles de longue portée comme les SCALP et Storm Shadow, ont salué cette initiative américaine.
- Corée du Nord : Pyongyang reste silencieux, mais son implication militaire aux côtés de la Russie risque d’attirer davantage de sanctions internationales.
Si cette décision renforce les capacités ukrainiennes, elle pourrait également compliquer les efforts diplomatiques. Les États-Unis devront trouver un équilibre entre un soutien militaire efficace et une gestion prudente des relations avec la Russie et d’autres acteurs régionaux.