Le député des Yvelines Karl Olive, ancien maire de Poissy, a été condamné le 18 novembre 2024 à huit mois de prison avec sursis pour prise illégale d’intérêt. La décision a été rendue par le tribunal judiciaire de Versailles, dans une affaire liée à des actes commis durant son mandat municipal. L’élu a immédiatement annoncé son intention de faire appel, relançant ainsi le débat sur la probité des élus locaux.
Les faits reprochés à Karl Olive
Le tribunal reproche à Karl Olive d’avoir participé au recrutement de Boris Gros, désormais directeur de la jeunesse et des sports de Poissy, dans des conditions jugées irrégulières. Ce recrutement s’appuierait sur un montage permettant de s’affranchir des règles de nomination de la fonction publique territoriale. Selon la justice, cette procédure est un abus de fonction, constituant le délit de prise illégale d’intérêt.
En parallèle, l’ancien maire est accusé d’avoir attribué un logement de fonction à Philippe Gros, ex-directeur général adjoint des services de la mairie, avec une redevance bien inférieure à sa valeur réelle. Ce dernier a bénéficié d’un loyer fixé à 350 euros, alors que son montant réévalué s’élève à 632,50 euros.
Des peines pour les co-prévenus
Dans la même affaire, Boris Gros et son père Philippe Gros ont également été condamnés :
- Boris Gros : six mois de prison avec sursis et une amende de 3 000 euros.
- Philippe Gros : quatre mois de prison avec sursis et une amende de 3 000 euros.
Ces condamnations, liées à des actes de népotisme, mettent en lumière les relations d’amitié entre Karl Olive et ses co-prévenus, pointées comme un manquement à l’éthique par la procureure.
Les arguments de la défense
Lors de son audience, Karl Olive a plaidé qu’il avait fait confiance à ses équipes administratives, notamment à la direction financière, à la direction des ressources humaines et à la direction juridique, pour valider ces décisions. Il a également rappelé que ces mesures avaient été votées en conseil municipal, et n’avaient fait l’objet d’aucune remarque des autorités de contrôle, comme la préfecture ou le centre interdépartemental de gestion.
Dans un communiqué, Karl Olive a exprimé son désaccord avec la décision du tribunal, déclarant :
Dix ans de procédure pour deux décisions prises deux mois après mon élection comme maire en 2014. Aucun enrichissement personnel, aucun détournement de fonds publics.
Il a également critiqué le signal envoyé aux élus locaux, soulignant que 55 % des maires ne souhaitent pas se représenter à la fin de leur mandat en 2026, épuisés par les contraintes et les attaques.
Malgré la gravité des faits reprochés, aucune peine d’inéligibilité n’a été prononcée contre Karl Olive. Cela permet à l’élu de poursuivre ses fonctions en tant que député des Yvelines. Le tribunal a justifié cette décision par l’ancienneté des faits, qui datent de 2014 à 2017, et par les circonstances de l’affaire.
En annonçant son intention de faire appel, Karl Olive maintient la présomption d’innocence jusqu’à ce qu’une nouvelle décision soit rendue. Ses avocats comptent démontrer qu’il n’y a eu ni enrichissement personnel, ni intention coupable, et que les décisions incriminées relèvent de pratiques administratives courantes.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte où les élus locaux sont de plus en plus exposés aux critiques et aux enquêtes. Karl Olive a rappelé la fatigue croissante des maires, évoquant un manque de reconnaissance et une complexité administrative dissuasive. Depuis 2020, près de 1 500 maires ont démissionné, mettant en lumière une crise de vocation chez les responsables locaux.