La cour d’appel de Paris a récemment ordonné une expertise sur les enregistrements utilisés dans l’émission « Complément d’enquête » diffusée sur France 2, où l’acteur Gérard Depardieu est accusé d’avoir tenu des propos à caractère sexuel envers une jeune fille. Cette décision vise à déterminer si ces images ont été manipulées, comme le prétend l’acteur. Une polémique qui relance le débat autour de la véracité des montages télévisuels et du rôle de la justice dans la protection des sources journalistiques.
Que s’est-il passé ?
Les images en question ont été tournées lors d’un voyage en Corée du Nord en 2018, où Gérard Depardieu s’était rendu en compagnie de l’écrivain et réalisateur Yann Moix. Diffusées en décembre 2023 dans l’émission « Complément d’enquête », elles montrent l’acteur dans un haras, en train de tenir des propos considérés comme misogynes et insultants. La scène la plus controversée se déroule alors qu’une fillette fait du cheval à l’écran. Depardieu y aurait dit :
Si jamais il galope, elle jouit. C’est bien, ma fifille, continue.
Cette séquence a rapidement suscité une forte polémique, et l’acteur, déjà accusé de violences sexuelles par plusieurs femmes, a vu sa réputation s’effondrer encore davantage. Toutefois, Gérard Depardieu conteste la véracité de cette scène, affirmant que ses propos ont été déformés par le montage et qu’ils n’étaient pas destinés à la fillette. Il avance également qu’il s’agissait d’une scène de fiction.
Une décision judiciaire pour clarifier la situation
Face à ces accusations, la cour d’appel de Paris a ordonné une expertise des images brutes tournées en 2018, afin de vérifier si les propos incriminés ont bien été tenus dans leur contexte original. Cette expertise, dont les frais seront avancés par Gérard Depardieu, doit permettre de trancher si les images ont été modifiées ou manipulées. Le rôle de l’expert sera d’analyser minutieusement les rushes (les séquences non montées) et de comparer les propos tenus dans ces enregistrements avec ceux diffusés dans l’émission.
Le tribunal a également exigé que la société de production Hikari, qui a produit les images, remette les rushes à l’expert désigné. Cependant, Hikari avait précédemment fait appel d’une décision similaire rendue en mai, estimant que cette demande mettait en danger le secret des sources. Cette question est sensible, car elle soulève le débat sur la protection des journalistes et la confidentialité de leur travail.
Avant même cette décision, le groupe France Télévisions avait pris les devants en faisant authentifier les images par un huissier de justice. Selon la chaîne, il n’y a aucun doute que les propos de Depardieu s’adressaient à la jeune fille présente à l’écran. Ce constat avait été réalisé pour répondre aux accusations de manipulation portées par l’acteur.
Toutefois, l’expertise ordonnée par la justice pourrait apporter des éléments nouveaux et contribuer à dissiper les ambiguïtés. L’expert désigné devra notamment se pencher sur les conditions de montage et sur la chronologie des événements pour déterminer si les propos de Depardieu ont été sortis de leur contexte ou non.
Un procès attendu pour Gérard Depardieu
En parallèle de cette affaire médiatique, Gérard Depardieu doit également comparaître devant le tribunal correctionnel de Paris le 28 octobre 2024 pour des accusations d’agressions sexuelles commises sur deux femmes lors du tournage du film Les Volets Verts en 2021. Ce n’est pas la première fois que l’acteur se trouve confronté à la justice pour des faits de cette nature. En août, un procès a été requis contre lui devant la cour criminelle départementale pour des faits de viols et d’agressions sexuelles impliquant la comédienne Charlotte Arnould.
Ces affaires multiples ont entaché l’image publique de Gérard Depardieu, autrefois salué pour son immense carrière cinématographique, mais désormais au centre de plusieurs scandales liés à des comportements déplacés.
L’expertise des rushes commandée par la justice est cruciale pour éclaircir la controverse autour de l’émission de France 2. L’objectif est d’établir si les propos tenus par l’acteur ont été altérés lors du montage de l’émission ou s’ils correspondent bien à ce qui a été dit sur le moment.
L’expert devra procéder à une analyse comparative entre les enregistrements bruts et la version montée diffusée par Complément d’enquête. Cette expertise devra également décrire les opérations de montage réalisées sur la séquence incriminée et déterminer si elles ont dénaturé le sens des propos tenus par Depardieu. Le rapport final est attendu d’ici le 30 avril 2025, et pourrait jouer un rôle déterminant dans la suite de l’affaire.