Le mardi 10 octobre 2024, le régulateur russe des communications, Roskomnadzor, a officiellement bloqué la plateforme de messagerie instantanée Discord pour non-respect des lois russes. Cette décision s’inscrit dans une longue série de mesures prises par la Russie pour restreindre l’accès à des plateformes technologiques étrangères, comme cela a été le cas précédemment avec Facebook, Instagram, et Twitter (désormais appelé X).
Les raisons du blocage de Discord
Le blocage de Discord fait suite à des violations présumées des lois en vigueur en Russie. Le régulateur Roskomnadzor a ordonné à la plateforme de supprimer près de 1 000 éléments de contenu jugés illégaux, mais Discord n’a pas répondu aux demandes. En conséquence, la plateforme a été sanctionnée et désormais restreinte sur le territoire russe. Cette mesure vise, selon les autorités, à empêcher l’utilisation de la plateforme pour des activités illégales telles que la propagation de contenus extrémistes, la vente de drogues, et le recrutement à des fins terroristes.
Discord, qui est basée à San Francisco, n’a pas encore émis de commentaire officiel sur cette décision.
Une stratégie de contrôle numérique renforcée
La Russie s’efforce depuis plusieurs années de contrôler le contenu en ligne en imposant aux entreprises technologiques étrangères de se conformer à ses lois. Les régulations imposent aux plateformes de supprimer les contenus jugés illégaux sous peine de sanctions. Toutefois, ces sanctions se sont souvent traduites par des amendes, qui, bien que régulières, restaient relativement modestes. Malgré cela, des géants comme Meta Platforms (qui possède Facebook et Instagram) ou encore Twitter (X) ont été définitivement bloqués depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.
Ces blocages sont vus par certains comme un moyen pour le gouvernement russe de contrôler davantage l’information et de limiter les influences extérieures dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.
Discord rejoint une liste croissante de plateformes bloquées
Avec le blocage de Discord, la liste des plateformes étrangères interdites en Russie s’allonge. Depuis l’invasion de l’Ukraine, les autorités russes ont renforcé leur contrôle sur les plateformes numériques pour éviter la diffusion de contenus perçus comme nuisibles ou contraires aux intérêts du pays. Parmi les plateformes bloquées, on retrouve désormais :
- X (anciennement Twitter)
- Facebook et Instagram (Meta Platforms)
- Discord
Ces restrictions sont justifiées par les autorités comme des mesures pour protéger la population contre la désinformation, l’extrémisme et d’autres menaces numériques. Cependant, elles suscitent des critiques de la part des défenseurs de la liberté d’expression, qui y voient une censure grandissante.
Discord est une plateforme de messagerie instantanée qui permet de créer des serveurs pour discuter, partager des fichiers et collaborer en ligne. Initialement populaire auprès des gamers, elle a étendu son utilisation à des communautés plus larges, allant des groupes d’étudiants aux entreprises.
Ce succès rapide a fait de Discord un outil essentiel pour la communication de millions d’utilisateurs à travers le monde. Son interface simple et ses nombreuses fonctionnalités en font une plateforme privilégiée pour organiser des discussions de groupe, gérer des projets ou encore participer à des événements en ligne. En Russie, comme ailleurs, Discord était utilisé par de nombreuses communautés, y compris dans le cadre de mouvements sociaux ou d’activisme, ce qui a probablement contribué à attirer l’attention des autorités.
Les conséquences pour les utilisateurs russes
Le blocage de Discord en Russie pourrait avoir des répercussions significatives pour les utilisateurs locaux, notamment ceux qui utilisent la plateforme pour des échanges professionnels, éducatifs ou personnels. Pour contourner cette interdiction, certains usagers pourraient se tourner vers des réseaux privés virtuels (VPN), bien que leur utilisation soit également de plus en plus réglementée dans le pays.
La Russie a déjà restreint l’accès aux VPN en exigeant des fournisseurs qu’ils bloquent l’accès aux plateformes interdites par l’État. Cela complique donc davantage la tâche des utilisateurs russes souhaitant accéder à Discord ou à d’autres services bloqués.
Le blocage de Discord s’inscrit dans un contexte plus large de surveillance accrue en Russie. Les autorités continuent de durcir leur contrôle sur l’internet et les médias sociaux. Dans ce cadre, plusieurs lois ont été adoptées, obligeant les entreprises technologiques à stocker les données des utilisateurs russes sur des serveurs situés en Russie. Celles-ci doivent également se plier aux exigences des autorités locales en matière de censure et de contrôle de contenu.