Selon les derniers rapports de l’Agence européenne de surveillance des frontières Frontex, les passages clandestins détectés aux frontières de l’Union européenne ont connu une baisse significative de 42% sur les neuf premiers mois de 2024, par rapport à la même période en 2023. Ce recul notable est en grande partie attribué à la baisse des franchissements sur certaines routes migratoires clés.
La route des Balkans occidentaux et la Méditerranée centrale
Les baisses les plus marquantes ont été observées sur la route des Balkans occidentaux et celle de la Méditerranée centrale, deux des principaux corridors empruntés par les migrants pour entrer en Europe.
- Route des Balkans occidentaux : les franchissements clandestins ont chuté de 79% par rapport à 2023, une baisse spectaculaire qui reflète les efforts accrus des pays de la région pour renforcer leurs contrôles aux frontières.
- Méditerranée centrale : sur cette route, qui relie principalement l’Afrique du Nord à l’Italie, les passages irréguliers ont diminué de 64%. Cela s’explique par une coopération renforcée entre les États membres de l’UE et certains pays africains pour limiter les départs depuis les côtes libyennes et tunisiennes.
L’Afrique de l’Ouest et la frontière orientale
Cependant, malgré ces baisses globales, certaines routes ont enregistré une augmentation notable des passages clandestins.
- Afrique de l’Ouest : le nombre de migrants provenant de cette région a doublé, avec une augmentation de 100% par rapport à 2023. Cela s’explique par des situations politiques et économiques instables dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, incitant davantage de personnes à tenter leur chance en Europe.
- Frontière terrestre orientale de l’UE : à la frontière entre l’UE et des pays comme la Pologne et les pays baltes, les franchissements irréguliers ont presque triplé, avec une augmentation de 192%. Cette région, notamment à l’est de la Pologne, connaît une pression migratoire croissante en raison de la situation géopolitique dans les pays voisins, tels que la Biélorussie et l’Ukraine.
La Méditerranée et la Manche
La mer Méditerranée reste l’un des principaux théâtres de la migration vers l’Europe. De janvier à septembre 2024, plusieurs passages clandestins ont été recensés dans cette zone :
- Méditerranée centrale : 47 710 passages irréguliers ont été détectés, principalement vers l’Italie.
- Méditerranée orientale : via la Turquie et la Grèce, 45 610 migrants ont été recensés, une hausse de 15% par rapport à 2023.
- Méditerranée occidentale : vers l’Espagne, le nombre de franchissements est resté relativement stable avec 11 483 passages, enregistrant une légère baisse de 1%.
Par ailleurs, dans la Manche, qui sépare la France et la Grande-Bretagne, le nombre de passages clandestins a également augmenté. Sur les neuf premiers mois de l’année, 47 514 passages ont été recensés, soit une augmentation de 2% par rapport à 2023.
Les pays d’origine des migrants
Les trois principaux pays d’origine des migrants en situation irrégulière aux frontières de l’UE sont :
- Syrie : la guerre civile prolongée et la déstabilisation de la région continuent de pousser de nombreux Syriens à fuir vers l’Europe.
- Mali : l’instabilité politique et les conflits armés en Afrique de l’Ouest ont également contribué à une augmentation des migrants en provenance du Mali.
- Ukraine : le conflit entre la Russie et l’Ukraine a provoqué une crise migratoire sans précédent, avec de nombreux Ukrainiens tentant de rejoindre l’UE pour fuir la guerre.
Le rôle de Frontex dans la surveillance des frontières
Frontex, l’agence européenne de surveillance des frontières, basée à Varsovie, joue un rôle clé dans le contrôle des frontières extérieures de l’UE. Les données fournies par Frontex sont basées sur les détections de franchissements irréguliers. Il est important de noter qu’une même personne peut franchir les frontières de l’UE plusieurs fois, ce qui peut gonfler les chiffres.
L’agence est responsable de la coordination entre les États membres pour surveiller et protéger les frontières de l’Union. Ses opérations incluent la surveillance maritime en Méditerranée, mais aussi la gestion des frontières terrestres, comme celles des 6 000 kilomètres séparant l’UE de la Biélorussie, de la Russie, et d’autres pays voisins.
Malgré la baisse globale des passages clandestins, certains défis persistent. La stabilisation de la situation dans certaines régions d’Afrique et du Moyen-Orient, ainsi que la gestion des flux migratoires à l’est de l’Europe, restent des questions cruciales pour l’UE. Le renforcement de la coopération avec les pays d’origine et de transit sera essentiel pour répondre aux futures crises migratoires.