Les faits: un trou d’air historique
Entre janvier et septembre 2025, le bénéfice tombe quasiment à zéro par rapport à l’an dernier : -95,9% d’une année sur l’autre. Dans le même temps, le troisième trimestre bascule dans le rouge avec une perte d’exploitation d’environ 966 millions d’euros, à l’opposé du bénéfice de 974 millions un an plus tôt.
Ce que dit la direction
« Les résultats de cette année reflètent l’impact de notre réorientation stratégique… des mesures essentielles »
Cette ligne est assumée par la direction financière, qui pointe le coût des reports de modèles 100% électriques et la refonte du portefeuille produits.
Pourquoi ça déraille ?
1) Électrique : retards et revirement
Porsche a repoussé plusieurs lancements EV et rallongé la vie de modèles thermiques/hybrides, un virage qui a généré des charges lourdes en 2025. Objectif : ralentir l’expansion EV là où la demande patine, tout en préservant le positionnement haut de gamme.
2) Chine : concurrence féroce et prix sous tension
Le marché chinois—clé pour les sportives de luxe—est devenu ultra-compétitif, avec des acteurs locaux agressifs sur l’EV et des guerres de prix qui érodent les marges du constructeur.
3) États-Unis : l’addition des droits de douane
Sans base industrielle locale, Porsche paie plein pot des tarifs douaniers sur ses importations, un fardeau chiffré à plusieurs centaines de millions d’euros cette année.
Les chiffres clés à connaître
| Indicateur | Période | Niveau | À retenir |
|---|---|---|---|
| Bénéfices (cumulés) | 9 mois 2025 | -95,9% vs 2024 | Érosion quasi totale des profits YTD. |
| Résultat d’exploitation | T3 2025 | -€966 M | Inversement brutal par rapport à T3 2024 (+€974 M). |
| Résultat d’exploitation (9 mois) | Jan–sept 2025 | ~€40 M | Contre >€4 Mds un an plus tôt (effondrement). |
| Tarifs US (coût annuel) | 2025 | ~€700 M (est.) | Hausse de prix prévue aux États-Unis pour compenser. |
Ce que ça signifie pour la marque
Marge sous pression, image intacte
Le prestige ne suffit pas toujours à protéger le compte de résultat. Porsche reste forte en désirabilité produit, mais doit affiner la stratégie EV/hybride pour retrouver des marges à un chiffre élevé à partir de 2026, selon l’entreprise.
Emploi et coûts : la facture sociale
Un plan d’économies est en place, incluant la suppression d’environ 1 900 postes et des renégociations internes. D’autres mesures sont sur la table si le marché ne se redresse pas.
La feuille de route : réaligner, livrer, respirer
Accélérer les hybrides, cibler mieux l’EV
Cap sur les PHEV à forte valeur (Cayenne, Panamera) et sur un cadencement EV plus réaliste. L’objectif est de livrer sans sur-stocker, avec une techno au niveau des attentes (autonomie, recharge, software).
Rejouer la Chine avec une stratégie locale
Repositionnement tarifaire, contenus digitaux plus agressifs et services post-vente renforcés sont attendus pour reconquérir la clientèle chinoise premium, ultra-sollicitée par les marques locales.
Mitiger l’effet tarifs US
Outre les hausses de prix, Porsche explore des arbitrages de mix, de sourcing et d’options pour adoucir le choc des droits de douane.
En deux phrases
Porsche encaisse un coup très dur : -95,9% de bénéfices sur neuf mois et un trimestre rouge d’environ €966 M. Le redressement passera par un tempo EV plus mesuré, un recentrage hybride et une bataille commerciale à mener en Chine comme aux États-Unis.
