Le parquet national financier (PNF) a demandé le renvoi devant le tribunal correctionnel de Rachida Dati, actuelle ministre de la Culture, et de Carlos Ghosn, ancien PDG de Renault-Nissan, pour des accusations de corruption et de trafic d’influence. Ces faits, qui remonteraient à la période 2010-2012, mettent en lumière des pratiques controversées au sein de l’alliance Renault-Nissan.
Des honoraires controversés pour Rachida Dati
Rachida Dati est accusée d’avoir perçu 900 000 euros de la filiale néerlandaise de Renault-Nissan, RNBV, sans contrepartie d’un travail réel. À l’époque, elle occupait les fonctions d’avocate et de députée européenne (2009-2019). Les enquêteurs soupçonnent que ces honoraires auraient pu masquer une activité de lobbying, interdite pour les élus du Parlement européen.
Selon les avocats de Mme Dati, Olivier Baratelli et Olivier Pardo, ce réquisitoire repose sur une interprétation biaisée du dossier. Ils ont déclaré :
“Un réquisitoire n’est que la vision du parquet. Il ne reflète pas la réalité.”
Malgré plusieurs recours, la ministre n’a pas réussi à faire annuler les poursuites, affirmant que les faits étaient prescrits.
Carlos Ghosn visé par un mandat d’arrêt international
Dans ce dossier, Carlos Ghosn est accusé d’abus de pouvoir, corruption et abus de confiance. Il fait l’objet d’un mandat d’arrêt international depuis avril 2023. Résidant actuellement au Liban, il est également impliqué dans d’autres affaires, notamment pour blanchiment et abus de biens sociaux, liées à des contrats conclus avec un distributeur automobile omanais.
Les avocats de Carlos Ghosn dénoncent une procédure qu’ils jugent illégitime, affirmant que leur client n’a pas pu répondre aux convocations des juges en raison de son exil forcé au Liban.
Il appartient désormais aux juges d’instruction de décider si les deux personnalités seront renvoyées devant le tribunal correctionnel. Ce processus pourrait prendre plusieurs mois, car un recours est encore en cours devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris.
Une enquête aux ramifications complexes
L’enquête a également mis en lumière le rôle d’autres protagonistes, dont :
- Mouna Sepehri, ancienne proche collaboratrice de Carlos Ghosn,
- Christian Husson, ancien directeur juridique de Renault,
- Alain Bauer, criminologue et consultant, placé sous le statut de témoin assisté.
Un non-lieu a été requis pour le volet concernant les contrats d’Alain Bauer, liés à des activités de conseil en sécurité.
Rachida Dati, ancienne garde des Sceaux sous Nicolas Sarkozy, est une figure importante du paysage politique français. Son implication dans cette affaire risque de fragiliser sa position au sein du gouvernement.
Carlos Ghosn, quant à lui, continue de défrayer la chronique avec ses démêlés judiciaires. L’ancien dirigeant, qui a fui le Japon en 2019 dans des circonstances spectaculaires, incarne une figure controversée du monde des affaires.