Simon Fieschi, grièvement blessé lors de l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo, est décédé ce jeudi 17 octobre 2024. Il avait rejoint l’équipe en tant que webmaster en 2012, et était le premier membre de l’équipe à être touché par les tirs des frères Kouachi lorsqu’ils ont fait irruption dans les bureaux de Charlie Hebdo.
Une victime de l’attentat de Charlie Hebdo
Le 7 janvier 2015, Simon Fieschi se trouvait à son poste de travail lorsqu’il a été grièvement blessé par balle. La kalachnikov des assaillants l’a touché au niveau du cou, traversant sa moelle épinière, ce qui l’a laissé lourdement handicapé. Il a été transporté d’urgence à l’hôpital et plongé dans un coma artificiel pendant une semaine. À son réveil, il a découvert l’ampleur de l’attentat, l’horreur des événements, et la douleur physique qui marquerait le reste de sa vie.
Après cet attentat, Simon Fieschi a passé huit mois aux Invalides, en rééducation. Il a progressivement réappris à marcher, bien qu’il soit resté paralysé partiellement, devant utiliser une béquille pour se déplacer. L’impact de la balle sur sa moelle épinière a entraîné une perte irréversible de certaines fonctions motrices, et il vivait avec des douleurs chroniques intenses.
Malgré ces défis, Simon Fieschi a continué à s’investir dans la société, refusant de se laisser définir par son statut de victime. Il a notamment témoigné lors du procès des attentats de janvier 2015, en septembre 2020. Debout, bien que son corps ait été meurtri, il a livré un témoignage poignant. Il a exprimé sa volonté de témoigner en personne, malgré les souffrances physiques qu’il endurait. Avec humour et lucidité, il a souvent partagé son vécu, soulignant par exemple qu’il avait perdu l’usage de ses mains, et ne pouvait même plus faire un « doigt d’honneur » malgré l’envie.
Une vie marquée par l’engagement
Simon Fieschi s’est engagé dans la reconnaissance des victimes du terrorisme et s’est investi dans l’administration des indemnisations pour les survivants et leurs familles. Il est devenu un spécialiste du droit du préjudice corporel, menant des combats pour que les victimes d’attentats soient justement indemnisées pour les souffrances endurées.
Son engagement ne s’arrêtait pas là. Simon Fieschi participait également à des interventions dans les écoles, où il racontait son histoire pour sensibiliser les jeunes aux réalités du terrorisme. Il a également soutenu les professeurs confrontés à des élèves parfois peu conscients des événements de janvier 2015. Cet engagement auprès des jeunes était salué par ses collègues et amis, qui ont toujours reconnu sa sensibilité et son intelligence exceptionnelles.
Une enquête ouverte pour déterminer les causes de sa mort
Le corps de Simon Fieschi a été retrouvé ce 17 octobre 2024, et une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour déterminer les causes de son décès. Une autopsie a été ordonnée, mais les conclusions préliminaires n’ont pas permis de déterminer une cause précise. À ce stade, aucune hypothèse n’est privilégiée. Contrairement à certaines rumeurs, il n’y a pas d’éléments en faveur d’un geste volontaire, et les investigations se poursuivent.
De nombreuses personnalités politiques et publiques ont rendu hommage à sa mémoire, notamment l’ancien Président de la République François Hollande, qui a rappelé que Simon avait dû lutter pour surmonter l’horreur de l’attentat. François Hollande a souligné que certaines cicatrices, bien que invisibles, ne se referment jamais.
Georges Salines, président d’honneur de l’association 13onze15 Fraternité et Vérité, a également salué Simon Fieschi pour son engagement, rappelant qu’il était de ceux qui accompagnaient les élèves et les enseignants dans les discussions sur le terrorisme.
Le parcours de Simon Fieschi après l’attentat de 2015 est un exemple de résilience face à l’adversité. Père d’une petite fille de cinq ans, marié à une Australienne qu’il avait rencontrée peu avant l’attentat, il avait réussi à reconstruire une vie marquée par les cicatrices physiques et psychologiques de cet événement. Il avait partagé ses pensées les plus sombres, notamment lors de son séjour à l’hôpital, où il s’était retrouvé confronté à des douleurs inimaginables.
Pourtant, malgré la douleur, Simon Fieschi avait fait le choix de vivre. Ses témoignages, ses écrits et son engagement en faveur des victimes d’attentats ont laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective.