Un record historique pour le marché de l’art français
La vente s’est déroulée chez Christie’s Paris, lors d’une session exceptionnelle intitulée « Avant-Garde(s) including Thinking Italian ». Initialement estimée à 16 millions d’euros, l’œuvre a dépassé toutes les attentes pour atteindre 18,4 millions d’euros, frais compris. Selon la maison d’enchères, il s’agit de l’une des toiles les plus importantes d’Yves Klein jamais proposées sur le marché.
« Une pièce monumentale, vibrante et hypnotique, emblématique de la période bleue de Klein », a commenté Christie’s lors de la vente.
California (IKB 71), un bleu hypnotique signé Yves Klein
Réalisé en 1961, le tableau impressionne par ses dimensions : 1,96 mètre de haut pour 4,21 mètres de large. Il s’agit du plus grand monochrome encore détenu dans une collection privée avant sa mise en vente.
Comme toutes les œuvres de la série IKB, il est entièrement recouvert du célèbre International Klein Blue, ce bleu profond et lumineux inventé par l’artiste. Ce pigment ultramarin, mélangé à une résine synthétique spéciale pour préserver son intensité, est devenu une véritable signature artistique.
« Ce qui me plaisait par-dessus tout, c’était les pigments purs, la couleur en soi », écrivait Yves Klein dans son texte fondateur L’aventure monochrome.
Un parcours exceptionnel avant la vente
L’œuvre n’avait jamais été proposée aux enchères auparavant. Elle avait été exposée à la Dwan Gallery de Los Angeles dans les années 1960, puis avait disparu pendant 17 ans dans une collection privée américaine. Elle avait brièvement refait surface entre 2005 et 2008 lors d’un prêt au Metropolitan Museum of Art de New York.
Cette mise en vente marque donc un retour remarqué sur le marché. Elle confirme au passage l’intérêt croissant pour les artistes européens d’après-guerre, notamment ceux liés au mouvement du Nouveau Réalisme, dont Klein fut l’une des figures majeures.
Pourquoi le bleu Klein fascine toujours
Yves Klein a consacré sa carrière à explorer l’absolu à travers la couleur. Son bleu IKB n’était pas seulement un pigment : il était pour lui un espace mental, un horizon infini. Son travail a influencé l’art minimal, la performance et même le design contemporain.
La force de ses monochromes réside dans leur radicalité. Une seule couleur, mais un impact maximal. Une matière brute, mais une profondeur émotionnelle et sensorielle unique. Pas étonnant que collectionneurs et musées s’arrachent encore ses œuvres aujourd’hui.
Un artiste parti trop tôt, mais toujours incontournable
Mort à seulement 34 ans en 1962, Yves Klein a laissé une empreinte immense dans l’histoire de l’art. Ses Anthropométries, ses monogolds, ses cosmogonies et bien sûr ses monochromes bleus comptent parmi les œuvres les plus commentées du XXe siècle. Sa cote ne cesse de grimper : en 2022, une toile de la série Anthropométrie avait atteint 31 millions d’euros à Londres.
Avec cette nouvelle vente record en France, Yves Klein confirme son statut d’icône absolue du marché de l’art. Et rappelle qu’une seule couleur peut, parfois, contenir tout un monde.








