Une communauté soudée face au drame
Le rendez-vous avait été fixé place Victor-Hugo à 11 heures. Le mot d’ordre était clair : se réunir dans la paix, l’amour et l’unité. Une rose à la main, les participants, vêtus des couleurs de l’Olympique lyonnais, ont formé un cortège silencieux mais fort. Mehdi Bassit n’était pas qu’un influenceur. Pour beaucoup, il était un ami virtuel, un frère d’écran, un créateur sincère et accessible.
Dans les rues de Bully-les-Mines, les pancartes clamaient un même message : « Stop au harcèlement », « Justice pour Mehdi ». Sa sœur, Samira, a tenu à s’exprimer devant la foule rassemblée :
Le cyberharcèlement, ce n’est pas virtuel. Ce sont des coups portés à l’âme. Il faut que ça cesse. Je crois en la justice.
Son discours, simple et poignant, a touché une assemblée déjà marquée par l’émotion. Le silence pesant était parfois rompu par des applaudissements spontanés. Mehdi avait laissé une trace, et chacun voulait la protéger.
Un symbole pour toute une génération
Mehdi Bassit s’était fait connaître grâce à ses vidéos pleines d’humour et d’humanité. Sa fameuse planche à saucisson est devenue virale, lui valant le surnom de « Mehdi Saucisson ». Mais derrière le rire se cachait une sensibilité que peu ont su percevoir à temps. Le 19 juillet, à seulement 32 ans, il a choisi de quitter ce monde, laissant derrière lui deux enfants et des millions de cœurs brisés.
Dans le cortège, les voix s’élèvent. Morgane, venue avec sa fille depuis Maubeuge, confie les larmes aux yeux :
Se suicider à cause de ça… c’est grave. Il donnait tellement de lui.
Ludivine, de Douai, ajoute :
On voyait bien qu’il souffrait. Il parlait du harcèlement dans ses vidéos, mais personne ne prenait ça au sérieux.
Ce dimanche, beaucoup ont marché pour la mémoire de Mehdi, mais aussi pour alerter. Le harcèlement, même virtuel, est une agression bien réelle.
Une douleur qui divise mais mobilise
Depuis l’annonce de sa disparition, les spéculations se multiplient. Tandis que la majorité évoque un suicide lié au cyberharcèlement, une partie de la famille nuance. Son père a partagé un message bouleversant sur Facebook :
Personne n’a tué Mehdi. Il souffrait depuis longtemps.
Mais pour beaucoup, les insultes, les menaces, les moqueries constantes ont joué un rôle. Une enquête est en cours, mais le mal est déjà fait.
Caroline, une abonnée fidèle, résume l’état d’esprit général :
Je n’y ai pas cru. Il était là tous les jours, avec ses vidéos. Et soudain, plus rien. On n’a que les photos maintenant. Le harcèlement ne devrait pas exister.
Un hommage coloré et digne
Après le cortège, les participants ont été invités à déposer une rose blanche devant un mur recouvert de messages pour Mehdi. On pouvait y lire : « Tu vas nous manquer », « On t’aime Mehdi ». Un lâcher de ballons rouge et bleu a clôturé cette matinée d’hommage, dans un silence respectueux et vibrant.
Le combat ne s’arrête pas là. D’autres marches sont prévues à Avignon et au Havre dans les prochains jours. À Avignon, les organisateurs invitent les participants à ramener une bougie ou une rose blanche en mémoire de Mehdi. Ces rassemblements sont autant d’appels à protéger les créateurs de contenu, à sanctionner le harcèlement et à ouvrir les yeux sur les souffrances invisibles.