Les bases à connaître sur le renouvellement du CDD
En France, un CDD peut être renouvelé deux fois maximum (sauf disposition différente d’une convention ou d’un accord de branche étendu). Concrètement, cela signifie : contrat initial + 1er renouvellement + 2e renouvellement = trois périodes successives au total avec le même employeur pour le même poste.
Le renouvellement n’est pas automatique : il suppose une clause dans le contrat initial ou un avenant écrit signé avant la fin du contrat en cours. À défaut, tu peux demander la requalification en CDI devant les prud’hommes.
Renouvellement ≠ nouveau CDD
Un renouvellement prolonge la même relation de travail sans interruption, via un avenant. À l’inverse, un nouveau CDD démarre après la fin du précédent ; selon les cas, un délai de carence s’applique alors (on y revient plus bas).
Combien de fois un CDD peut-il être renouvelé ?
Règle générale : deux renouvellements possibles. Certaines branches fixent un nombre différent ; pense à vérifier la convention collective mentionnée dans ton contrat.
Deux renouvellements, mais une durée totale plafonnée
Même si tu peux renouveler deux fois, la durée totale du CDD (contrat initial + renouvellements) reste encadrée. Dans la majorité des situations, elle ne peut pas dépasser 18 mois. Des exceptions existent (9, 24 ou 36 mois selon les cas spécifiques).
Exemple simple
Tu signes 4 mois. Tout se passe bien : 1er renouvellement de 2 mois, puis 2e renouvellement de 2 mois. Total : 8 mois. C’est ok. Si l’entreprise veut prolonger au-delà, elle doit soit changer de cadre (nouveau CDD dans les règles applicables, avec les risques associés), soit te proposer un CDI.
Durées maximales : le tableau de référence
Voici un récapitulatif des plafonds usuels (hors dispositions particulières de branche ou cas très spécifiques) :
| Type / motif de CDD | Durée maximale totale (renouvellements compris) | Remarques utiles |
|---|---|---|
| Cas général | 18 mois | Durée la plus fréquente à garder en tête quand on débute. |
| En attente d’un salarié recruté en CDI | 9 mois | Plafond réduit : logique de transition courte. |
| Accroissement temporaire d’activité | 18 mois | Commande importante, pic saisonnier, projet limité dans le temps. |
| Commande exceptionnelle à l’export | 24 mois | Cas spécifique avec plafond étendu. |
| Travaux urgents liés à la sécurité | 9 mois | Interventions incontournables et rapides. |
| CDD exécuté à l’étranger | 24 mois | Plafond plus élevé compte tenu du contexte d’expatriation. |
| CDD saisonnier | Fin de saison | Le terme est calé sur la fin d’activité saisonnière. |
| Remplacement (absence / contrat suspendu) | Retour du salarié remplacé (souvent dans la limite de 18 mois) | Termes “imprécis” possibles (fin à la reprise du titulaire). |
| Départ définitif avant suppression du poste | 24 mois | Plafond spécifique pendant la phase de transition. |
Le délai de carence : obligatoire entre deux CDD successifs
Si ton CDD se termine (sans renouvellement) et qu’un autre CDD est envisagé sur le même poste (avec toi ou quelqu’un d’autre), un délai de carence s’applique en principe. Objectif : éviter le CDD “permanent” qui remplace un CDI.
| Durée du CDD terminé (renouvellements inclus) | Durée du délai de carence à respecter | Mode de calcul |
|---|---|---|
| Moins de 14 jours calendaires | Moitié de la durée du CDD | Carence en jours d’ouverture de l’entreprise |
| À partir de 14 jours calendaires | Un tiers de la durée du CDD | Carence en jours d’ouverture de l’entreprise |
Quand la carence ne s’applique pas
- Remplacement d’un salarié absent ou dont le contrat est suspendu (maladie, congé maternité/paternité, etc.).
- Emplois saisonniers ou CDD d’usage dans certains secteurs (ex. spectacle).
- Changement de poste ou motif différent du CDD précédent.
Attention : le non-respect de ce délai peut entraîner la requalification en CDI et des indemnités pour le salarié.
Avenant de renouvellement : la checklist
Le renouvellement doit être formalisé par écrit et signé avant le terme du CDD initial. L’avenant précise au minimum :
- la nouvelle durée (dates de début/fin ou terme imprécis encadré),
- le poste et les missions,
- la rémunération (et les éventuels compléments),
- le motif du recours au CDD,
- la référence au contrat initial et aux clauses maintenues.
« Pas d’avenant signé à temps, pas de renouvellement valable. Un simple retard peut tout faire basculer en CDI requalifié. »
Durée, cadence, exemples pratiques
Exemple 1 : cas général
CDD initial de 6 mois (1er janvier → 30 juin). 1er renouvellement 6 mois (→ 31 décembre). 2e renouvellement 6 mois (→ 30 juin suivant). Total : 18 mois. Au-delà ? Il faut changer de cadre (risque) ou basculer en CDI.
Exemple 2 : attente d’un CDI
CDD de transition plafonné à 9 mois. Un 1er renouvellement trop long peut faire dépasser le plafond. Il faut rester sous la barre, avenant à l’appui.
Exemple 3 : remplacement
CDD à terme imprécis : le contrat se termine au retour de la personne remplacée. Pas besoin d’avenants successifs si le motif et le poste restent inchangés et si le terme est prévu “au retour”.
Renouvellement et passage en CDI : ce qui change
Le renouvellement ne garantit pas un CDI. L’employeur peut arrêter à l’échéance. Mais si la collaboration se passe bien, beaucoup d’entreprises utilisent le CDD comme “période test” avant une embauche durable.
Période d’essai en cas de CDI après CDD
Si tu passes en CDI sur le même poste, la période d’essai éventuelle est en principe réduite de la durée du ou des CDD déjà effectués. En pratique, elle est souvent écourtée, voire supprimée si tu as déjà occupé longtemps le même poste.
Prime de précarité et refus
À l’issue d’un CDD, si tu n’intègres pas l’entreprise en CDI, tu as droit à la prime de précarité (généralement 10 % des salaires bruts versés), sauf cas spécifiques (par ex. si tu refuses une offre de CDI équivalent sur le même emploi ou similaire, selon les conditions prévues par la loi et/ou ta convention).
CDD successifs : rester dans les clous
Signer plusieurs CDD dans la même entreprise est possible, mais il faut respecter :
- un motif valable à chaque fois,
- la durée maximale totale applicable à chaque contrat,
- le délai de carence le cas échéant (même poste, même motif),
- les formes (écrit, dates, motif, signature, avenant en cas de renouvellement).
Sans ces garde-fous, tu t’exposes (ou ton employeur s’expose) à des contentieux et à la requalification en CDI.
Questions fréquentes (version rapide)
peut-on renouveler un CDD plusieurs fois ?
Oui, deux fois maximum par contrat, sauf règle différente prévue par une convention/accord de branche étendu.
faut-il un document écrit ?
Oui. La possibilité de renouveler doit figurer dans le contrat ou faire l’objet d’un avenant signé avant le terme. Un avenant signé après la fin rend le renouvellement invalide.
la période d’essai repart-elle à zéro au renouvellement ?
Non. Le renouvellement prolonge le contrat ; on ne “remet pas les compteurs à zéro”. Une nouvelle période d’essai ne se conçoit que s’il s’agit d’un nouveau contrat sur un poste réellement différent.
combien de temps un CDD peut-il durer au total ?
Souvent 18 mois, renouvellements compris. Exceptions : 9 ou 24 mois selon les motifs, et des régimes particuliers existent (ex. CDD à objet défini jusqu’à 36 mois dans certains secteurs).
doit-on respecter un délai entre deux CDD ?
Oui, si tu enchaînes des CDD sur le même poste (hors exceptions). La carence est d’1/2 de la durée si le CDD finit avant 14 jours, et d’1/3 à partir de 14 jours. Le calcul se fait en jours d’ouverture de l’entreprise.
Conseils express pour jeunes actifs
- Lis ton contrat : motif, durée, clause de renouvellement, convention collective.
- Anticipe la date de fin : si un renouvellement est envisagé, exige l’avenant écrit avant le terme.
- Calcule la durée totale : ne dépasse pas le plafond applicable (18, 9 ou 24 mois selon le motif).
- Surveille la carence entre deux CDD : évite les enchaînements illégaux.
- Garde tes preuves : mails, avenants signés, bulletins de paie, plannings.
- Pense à la suite : si le poste est pérenne, discute ouvertement d’un CDI.
Motifs, durée, forme : le mémo des essentiels
Pour rester serein·e, retiens ce triptyque :
- Motif : toujours réel, temporaire et justifié.
- Durée : respecte le plafond global (souvent 18 mois) et les exceptions prévues par la loi/ta convention.
- Forme : un écrit complet, signé à temps, pour le contrat initial et chaque renouvellement.
Enfin, si ça déraille…
Absence d’avenant signé à temps, dépassement de durée, carence ignorée, motif flou : ces irrégularités ouvrent la porte à une requalification en CDI et au versement d’indemnités. En cas de doute, parle à un·e représentant·e du personnel, à un syndicat, à un service d’info juridique ou à un avocat. Mieux vaut prévenir que guérir, surtout quand il s’agit de ton statut et de tes droits.
