Qu’est-ce que le quittoking ?
Le quittoking est une tendance née sur TikTok. Son principe est simple : annoncer sa démission, souvent par téléphone ou en visio, en laissant tourner la caméra, puis publier la vidéo. Pour la génération Z, c’est une manière d’assumer un choix, de partager un moment important, mais aussi de raconter un parcours professionnel autrement.
Ces vidéos cumulent parfois des millions de vues. Le hashtag #quittok regroupe des témoignages très différents : frustration au travail, envie de changement, choix personnel ou simple besoin de légèreté. Certains jeunes transforment même leur démission en mini-vlog, filmant l’avant, le moment de l’annonce et l’après.
Pourquoi cette tendance séduit les jeunes ?
La génération Z n’a pas la même relation au travail que ses aînés. Beaucoup refusent l’idée de rester dans une entreprise si le poste ne leur apporte pas un minimum de sens ou d’équilibre. Pour eux, démissionner n’est pas un échec : c’est parfois un acte de protection personnelle.
« On ne vit pas pour travailler, on travaille pour vivre », explique une jeune femme dans une vidéo devenue virale.
Les études récentes confirment cette tendance : une majorité de jeunes actifs place la vie personnelle au-dessus de la carrière. Quitter un job jugé toxique ou trop prenant n’a donc plus rien de honteux. Certains estiment même qu’en partageant ce moment, ils peuvent aider d’autres jeunes à se sentir moins prisonniers de leur situation.
Le quittoking s’inscrit aussi dans une logique de transparence. Les réseaux sociaux ont normalisé le fait de montrer son quotidien, ses réussites comme ses difficultés. Démissionner un smartphone à la main devient alors presque naturel.
Les employeurs, entre incompréhension et inquiétude
Côté entreprises, le phénomène est loin d’amuser. Beaucoup d’employeurs voient dans le quittoking une manque de professionnalisme ou de loyauté. Certains s’inquiètent de la réputation de leur structure lorsqu’un jeune raconte son malaise ou critique l’ambiance.
Pour les recruteurs, ces vidéos peuvent aussi devenir un frein. Une personne qui rend publique sa démission pourrait donner l’image d’un salarié instable ou impulsif. Une vidéo publiée à 20 ans peut encore ressortir lors d’un entretien plusieurs années plus tard.
« Le salarié se grille, car tout ce qui circule sur les réseaux reste accessible longtemps », souligne un ingénieur interrogé par une chaîne d’info.
Les risques juridiques souvent oubliés
Se filmer en train de démissionner peut sembler anodin, mais ce n’est pas sans risque. En France, évoquer un ex-employeur en termes trop précis ou trop négatifs peut être assimilé à de la diffamation. L’affaire peut aller jusqu’au tribunal, surtout si le salarié accuse l’entreprise de harcèlement ou de mauvaises conditions de travail sans preuves solides.
Autre risque : révéler des informations sensibles sans s’en rendre compte. Un plan de caméra qui montre accidentellement un document interne, un logiciel ou un espace réservé peut mettre en danger la confidentialité de l’entreprise.
Un phénomène révélateur d’un malaise profond
Le quittoking n’est pas un simple trend TikTok. Il met en lumière un changement profond : la volonté des jeunes de refuser les normes professionnelles qui les ont longtemps écrasés. Après les mouvements du quiet quitting (ne faire que le minimum) et du loud quitting (démission bruyante), cette version filmée marque une étape supplémentaire.
Dans un contexte où une partie de la gen Z se dit prête à démissionner dès qu’elle ne s’épanouit plus, ces vidéos posent plusieurs questions : faut-il repenser le management ? Mieux accompagner les premiers postes ? Accepter que la fidélité à une entreprise ne soit plus la norme ?
















