Cette progression est particulièrement marquée dans l’enseignement supérieur. Alors qu’en 2017, 39 % des apprentis préparaient un diplôme du supérieur, cette part a atteint près de deux tiers en 2023. Ce phénomène illustre un changement de perception : l’alternance n’est plus réservée aux formations courtes, mais s’étend désormais aux cursus universitaires et aux grandes écoles.
Des secteurs porteurs et un impact sur l’emploi
L’essor de l’apprentissage se traduit par une forte présence des apprentis dans le secteur des services. 63 % des jeunes en alternance en 2023 se forment dans des domaines comme le commerce, l’hôtellerie-restauration, l’informatique ou encore le marketing, contre 42 % en 2017. À l’inverse, les métiers de la production (industrie, agriculture, BTP) peinent à attirer autant d’apprentis.
Ce mode de formation favorise une insertion professionnelle rapide. 27 % des jeunes diplômés de CAP à BTS en apprentissage en 2022 exercent toujours dans leur entreprise d’origine six mois après leur diplôme. De plus, les entreprises sont nombreuses à voir l’alternance comme un tremplin vers l’emploi durable : 63 % déclarent recruter des apprentis avec l’intention de les embaucher.
Une attractivité grandissante auprès des étudiantes
Si les hommes sont historiquement plus nombreux à opter pour l’apprentissage, les femmes représentent désormais 43 % des apprentis, contre 33 % en 2017. L’écart reste cependant marqué chez les 15-19 ans, où les filles choisissent encore deux fois moins souvent l’alternance que leurs homologues masculins. Cette tendance s’inverse après 20 ans, notamment grâce à l’essor de formations en alternance dans des secteurs où les femmes sont plus présentes, comme le paramédical ou la gestion.
Un modèle qui reste fragile
Malgré son succès, l’apprentissage doit encore faire face à plusieurs défis. Depuis la réforme de 2018, le taux de rupture des contrats d’apprentissage a légèrement augmenté, passant de 19 % en 2017 à 21 % en 2022. Ce phénomène concerne principalement les formations de niveau bac+2 et bac+3, où les attentes des étudiants et des employeurs ne sont pas toujours alignées.
Par ailleurs, les récentes coupes budgétaires pourraient ralentir cette dynamique. Depuis le 1er janvier 2025, les aides à l’embauche d’un apprenti ont été réduites à 5 000 euros pour les TPE-PME et à 2 000 euros pour les grandes entreprises, contre 6 000 euros précédemment. De plus, certains apprentis rémunérés au SMIC pourraient voir leur salaire baisser en raison des nouvelles mesures budgétaires.
Alors que l’apprentissage a prouvé son efficacité en matière d’insertion professionnelle, l’évolution des politiques publiques pourrait impacter son développement. « Le problème en France, c’est que les règles du jeu changent constamment », déplore Jean-Luc Dubois-Randé, directeur de l’université Paris-Est Créteil (UPEC). Si les financements et le cadre réglementaire évoluent trop brutalement, les entreprises et les établissements de formation pourraient être contraints de revoir leurs stratégies.
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