Salaires femmes-hommes : décryptage des écarts de 22 %, 14 % et 4 %

On lit partout que les femmes gagnent 22 %, 14 % ou 4 % de moins que les hommes. Trois chiffres différents pour parler du même sujet : l’écart de salaire femmes-hommes. Pas étonnant que ce soit difficile à suivre. On remet tout à plat, chiffres à l’appui, pour comprendre ce que ces pourcentages racontent vraiment sur le travail, les études, les enfants… et sur ta future carrière.
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Trois chiffres, trois réalités différentes

Quand on parle de salaires femmes-hommes, on ne mesure pas toujours la même chose. Selon la manière de compter, l’écart est de 22,2 %, 14,2 % ou environ 4 %. Pourtant, les données viennent de la même source : l’Insee, qui analyse les salaires dans le secteur privé en France.

Pour simplifier, on peut imaginer trois niveaux :

Un tableau pour y voir clair

IndicateurÉcart femmes-hommesCe que ça mesure
Revenu salarial global22,2 % de moinsCe que les femmes gagnent en moyenne sur l’année, tous temps de travail confondus
Salaire à temps de travail identique14,2 % de moinsComparaison à temps de travail équivalent (équivalent temps plein)
Salaire à poste comparable3,8–4 % de moinsMême emploi, dans le même établissement, avec le même temps de travail

Ces trois indicateurs sont complémentaires. Le premier montre l’impact global des inégalités sur une année entière. Le deuxième isole l’effet du temps de travail. Le troisième se rapproche le plus de ce qu’on appelle la discrimination salariale, même si ce n’est pas une preuve parfaite.

22 % : l’écart global, tous temps de travail confondus

En 2023, les femmes gagnent en France 22,2 % de moins de revenu salarial moyen que les hommes dans le secteur privé. Cela représente plusieurs milliers d’euros de différence par an. Cet écart vient d’abord du volume de travail.

Les femmes sont :

  • moins souvent en emploi sur toute l’année ;
  • plus fréquemment en temps partiel ;
  • plus nombreuses dans les emplois courts, saisonniers ou fragmentés.

Résultat : à la fin de l’année, même si le salaire horaire n’est pas toujours si éloigné, le montant encaissé est nettement inférieur. C’est ce que montre le fameux 22 %.

Le rôle du temps partiel et des emplois précaires

Plus d’une femme sur quatre travaille à temps partiel, contre moins d’un homme sur dix. Le temps partiel peut être choisi, mais il est aussi souvent subi, notamment dans le commerce, les services à la personne ou certains jobs étudiants.

Pour une jeune femme qui enchaîne CDD, contrats courts et missions à temps partiel, l’impact sur le revenu annuel est énorme. Même avec un diplôme similaire à celui des hommes, le portefeuille ne suit pas.

14 % : l’écart à temps de travail identique

Pour savoir si les femmes sont moins payées à travail équivalent en durée, l’Insee neutralise les différences de volume de travail. On compare alors les salaires en équivalent temps plein.

Une fois ce calcul fait, l’écart reste important : les femmes gagnent en moyenne 14,2 % de moins que les hommes, à temps de travail identique. Autrement dit, même si tout le monde travaillait le même nombre d’heures, les salaires resteraient loin d’être égaux.

Des métiers différents, des salaires différents

Une partie de ces 14 % s’explique par la ségrégation professionnelle : les femmes et les hommes ne se retrouvent pas dans les mêmes métiers.

  • Les femmes sont très présentes dans les services, le soin, l’éducation, l’administratif, souvent moins payés.
  • Les hommes sont plus nombreux dans les métiers techniques et industriels, mieux rémunérés.
  • Les postes de cadres dirigeants restent majoritairement masculins.

Même à niveau de diplôme proche, les choix d’orientation, les stéréotypes et les attentes familiales poussent encore les femmes vers des secteurs moins valorisés financièrement.

En 2023, pour un volume de travail identique, les femmes gagnent encore plus de 14 % de moins que les hommes, selon l’Insee.

4 % : l’écart pour un même poste, dans la même entreprise

Troisième niveau d’analyse : que se passe-t-il quand une femme et un homme occupent le même poste, dans la même entreprise, avec le même temps de travail ? Dans ce cas, l’écart de salaire net en équivalent temps plein tourne autour de 3,8–4 % en défaveur des femmes.

Cet indicateur est calculé sur les situations où la comparaison est possible : un établissement doit employer au moins un homme et une femme sur le même emploi pour entrer dans les statistiques.

Un indicateur proche de la discrimination… mais pas parfait

Cet écart de 4 % ne signifie pas automatiquement que chaque entreprise discrimine volontairement. Il reste aussi des différences non prises en compte, comme l’ancienneté, certaines expériences, ou le parcours exact de chaque personne.

Mais le message reste fort : même quand on compare des situations très proches, les femmes touchent moins. Sur une carrière entière, quelques points de pourcentage représentent des milliers d’euros perdus, moins d’épargne, moins de sécurité financière.

Un écart qui se creuse avec l’âge et les enfants

L’écart de salaire femmes-hommes n’est pas le même à 22 ans et à 45 ans. Chez les moins de 25 ans, la différence de salaire à temps plein reste relativement limitée. Puis, elle se creuse avec l’âge, les promotions et… les enfants.

Les données montrent que :

  • l’écart de salaire augmente progressivement au fil de la carrière ;
  • les mères gagnent nettement moins que les pères, à temps de travail et à diplôme proches ;
  • plus le nombre d’enfants est élevé, plus l’écart de revenu salarial se creuse, jusqu’à atteindre près de 30 % ou davantage pour trois enfants ou plus.

Le combo est explosif : carrières ralenties, temps partiel plus fréquent, pauses professionnelles après les naissances, promotions manquées. Sur le long terme, cela pèse sur les salaires… et plus tard sur les retraites.

Et maintenant, comment réduire ces écarts ?

Bonne nouvelle : l’écart de salaire femmes-hommes diminue depuis les années 1990, même si la progression est lente. Les femmes sont plus diplômées, accèdent davantage aux postes d’encadrement, et les inégalités de temps de travail reculent un peu.

Plusieurs leviers sont sur la table :

  • Transparence salariale : des règles arrivent pour obliger les entreprises à publier des informations sur les salaires et les écarts femmes-hommes.
  • Revalorisation des métiers féminisés : soignantes, aides à domicile, employées du commerce… des secteurs essentiels mais souvent sous-payés.
  • Partage des tâches familiales : congés parentaux plus équilibrés, meilleure prise en compte du temps familial pour les deux parents.
  • Lutte contre les stéréotypes d’orientation : encourager les filles vers les filières scientifiques, numériques ou techniques, mieux rémunérées.

À titre individuel, connaître ces chiffres permet aussi de mieux négocier son salaire, de se renseigner sur les grilles de rémunération, de comparer les offres et de repérer les écarts injustifiés. Derrière les 22 %, 14 % et 4 %, il y a des choix de société, mais aussi des marges de manœuvre pour chaque génération qui arrive sur le marché du travail.

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