Un retour très surveillé après une mise à l’écart médiatique
Le député insoumis de Loire-Atlantique, Andy Kerbrat, revient à l’Assemblée après plusieurs mois d’absence. En octobre 2024, il avait été interpellé en flagrant délit d’achat de 3-MMC dans le métro parisien, une substance interdite classée parmi les drogues de synthèse. L’affaire avait provoqué un véritable séisme politique, alimenté par des révélations sur l’utilisation de fonds publics pour financer ses dépenses personnelles.
La sanction n’avait pas tardé : quinze jours d’exclusion de l’Assemblée, accompagnés de la réduction de moitié de son indemnité parlementaire pendant deux mois. Malgré cela, la direction de La France insoumise n’a jamais lâché l’élu. Jean-Luc Mélenchon avait même salué son « courage », tandis que d’autres figures du mouvement avaient appelé à un traitement médicalisé de l’affaire.
La santé publique comme argument politique
Andy Kerbrat assume sa faille. Il déclare avoir été hospitalisé pendant deux mois, suivi depuis par des spécialistes de l’addiction. Il dit vouloir utiliser son expérience personnelle pour porter un message de réforme sur les politiques de drogues. Pour lui, l’approche uniquement répressive ne fonctionne plus. Cette prise de parole provoque autant de compassion que de scepticisme dans l’opinion publique.
Certains accusent LFI d’instrumentaliser le cas Kerbrat pour renforcer son discours sur la dépénalisation. Le député, de son côté, affirme vouloir soumettre une proposition de loi autour de la légalisation encadrée des drogues dures, en évoquant une hausse préoccupante des consommations dans le monde du travail. « Il faut sortir du déni », répète-t-il dans ses interviews.
Un malaise politique toujours présent
Du côté de la droite et du centre, l’indignation ne faiblit pas. Beaucoup dénoncent le fait qu’un élu ayant failli à ses devoirs puisse revenir si vite sans remettre son mandat en jeu. Dans d’autres milieux professionnels, ce type d’affaire aurait mené à une exclusion définitive. À l’Assemblée, certains préfèrent éviter le sujet.
L’affaire Kerbrat a mis en lumière un sujet tabou : la consommation de drogues et d’alcool au sein même du Parlement. Plusieurs enquêtes ont évoqué des pratiques bien plus répandues qu’on ne le croit. Des élus et assistants parlent d’un climat de stress, de pression constante et d’un besoin d’anesthésie. Un débat sur la prévention au sein des institutions commence timidement à émerger.
À 34 ans, Andy Kerbrat sait qu’il revient sur un terrain glissant. Il assume vouloir porter la voix de ceux qui souffrent d’addictions tout en poursuivant son mandat. Pour beaucoup, sa réintégration reste une fracture de confiance, d’autant plus dans un contexte politique où la crédibilité des élus est déjà très fragile.