Le procès de Bolhem B., graphiste renommé dans le cinéma d’animation et ancien collaborateur de Disney et Pixar, s’est ouvert ce mardi 29 octobre devant la cour d’assises de Paris. L’homme, âgé de 59 ans et reconnu pour son travail, est accusé de complicité de viol sur mineurs et de traite d’êtres humains.
Une figure du cinéma d’animation accusée de crimes graves
Bolhem B., qui a contribué à des films cultes comme Ratatouille, Les Indestructibles et Là-Haut, est jugé pour avoir financé et visionné en direct des abus sexuels perpétrés sur de jeunes filles aux Philippines entre 2012 et 2021. D’après son avocat, Romain Ruiz, cette affaire révèle une profonde dualité chez l’accusé, qualifié de :
dessinateur de génie le jour et pédocriminel la nuit
Ruiz souligne que Bolhem B. a fait preuve d’une honnêteté rare en reconnaissant les faits dès sa première garde à vue :
Il ne minimise rien et cherche à comprendre ses actes.
Les enquêteurs ont découvert cette affaire en suivant la trace de transferts d’argent suspects vers une femme aux Philippines connue pour exploiter des mineurs via des sessions de « livestreaming ». Les investigations ont révélé que Bolhem B. avait envoyé près de 50 000 euros pour commander des agressions sexuelles, des violences et même des tortures sur des jeunes filles âgées de cinq à dix ans aux Philippines. Derrière son écran, l’accusé ordonnait les actes, selon des enquêteurs. Cette méthode, impliquant des agressions à distance, illustre un mode opératoire numérique en pleine expansion.
Bolhem B. avait déjà été condamné en 2014 pour des actes d’agression sexuelle sur sa belle-fille, âgée de huit ans à l’époque. Cette condamnation antérieure influence directement ce procès actuel en instaurant un cadre de récidive qui permet à la justice de doubler la peine maximale encourue, soit 40 ans de réclusion.
L’avocat de Bolhem B. défend cependant que, même si les actes sont de nature similaire, le mode opératoire dans cette affaire est fondamentalement différent :
Il s’agit d’une complicité de faits commis à distance, derrière un écran
Il pose ainsi la question de l’application de la loi pour ce qu’il appelle une « complicité par voyeurisme », une problématique peu explorée jusqu’à présent en justice.
Dans ce procès, sept associations de protection de l’enfance, dont La Voix de l’enfant, L’Enfant bleu, et la Fondation pour l’Enfance, se sont constituées parties civiles. Inès Davau, représentante de La Voix de l’enfant, explique le rôle de ces associations :
Nous sommes ici pour représenter toutes les victimes absentes, mais aussi pour mener un travail de recherche pour identifier les enfants victimes aux Philippines et leur offrir une assistance.
Le procès met également en lumière le besoin urgent de renforcer la traque des réseaux d’exploitation d’enfants à l’international, ainsi que de faciliter la reconnaissance des victimes souvent isolées et invisibles.
Ce jeudi 31 octobre, une peine de 25 ans de réclusion criminelle avec une période de sûreté fixée aux deux tiers a été requise à l’encontre de cet ancien graphiste réputé ayant travaillé pour Disney et Pixar. Originaire des Deux-Sèvres, né à Melle.