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Ce lundi 21 octobre 2024, un procès d’une ampleur sans précédent s’ouvre à Nancy. Il s’agit de l’affaire « Carton Rouge », une vaste escroquerie qui mêle diamants, cryptomonnaies et faux agents de joueurs de football. Le préjudice estimé atteint 28 millions d’euros et touche plus de 1 000 victimes, incluant des clubs de football professionnels comme Brest, Rennes, Lorient, et Nantes. Le centre des congrès de Nancy a été transformé en tribunal pour accueillir ce procès hors norme, qui se déroulera sur plusieurs semaines.

Une arnaque bien orchestrée, entre 2016 et 2018

L’escroquerie, qui remonte aux années 2016-2018, était pilotée par un réseau international basé en Israël. Les escrocs utilisaient des sites internet frauduleux pour vendre des diamants et des cryptomonnaies, promettant des rendements extraordinaires. Les victimes, attirées par ces promesses alléchantes, étaient ensuite contactées par téléphone, où les fraudeurs les incitaient à investir davantage. Cependant, une fois l’argent versé, les contacts disparaissaient, les sites étaient désactivés et les adresses e-mails devenaient inaccessibles.

Selon les autorités judiciaires, 14 sites internet étaient dédiés aux arnaques en cryptomonnaies, représentant un total de 20,9 millions d’euros de préjudice. Le reste des pertes, soit environ 6,8 millions d’euros, provenait de ventes frauduleuses de diamants.

Un réseau international derrière l’arnaque

Le réseau d’escroquerie à la tête de l’affaire « Carton Rouge » s’étendait sur plusieurs continents, avec près de 200 comptes bancaires ouverts dans 19 pays pour faciliter le blanchiment des fonds. Malgré l’ampleur de l’opération, la justice n’a pu récupérer que 2,8 millions d’euros à ce jour.

Selon Guy Grandgirard, président de l’Association de défense des consommateurs de Lorraine, le réseau était extrêmement sophistiqué. Il utilisait des documents et des arguments d’experts pour convaincre les victimes de la qualité exceptionnelle des diamants qu’ils achetaient. Ces derniers étaient prétendument stockés en sécurité dans des coffres, mais lorsque les victimes souhaitaient récupérer leur argent, elles ne recevaient plus aucune réponse.

Les clubs de football piégés par des faux agents

Les escrocs ne se sont pas limités aux investisseurs privés. Plusieurs clubs de football professionnel ont également été victimes de cette fraude. Les malfaiteurs se faisaient passer pour des agents de joueurs et envoyaient de faux RIB aux clubs pour détourner les salaires des joueurs.

Trois clubs, dont Sochaux, Angers, et Toulouse, ont perdu environ 60 000 euros à cause de cette arnaque. Le club de Sochaux a été escroqué de 17 000 euros, tandis que Toulouse a perdu 10 000 euros. Le SCO d’Angers a quant à lui subi une perte de 35 000 euros. Six autres clubs, dont Brest, Lorient, Rennes, et Nantes, ont été la cible de tentatives de fraude similaires.

Un procès d’envergure à Nancy

Le procès « Carton Rouge » se tient dans un amphithéâtre de 800 places spécialement aménagé pour l’occasion. 28 prévenus sont jugés pour escroquerie en bande organisée, et trois d’entre eux sont toujours en fuite, faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux. L’affaire mobilise 150 avocats et concerne 815 parties civiles, dont des clubs de football, des particuliers et des sponsors.

Les audiences s’étaleront sur quatre semaines, avec des journées complètes d’audition de 9h à 18h. Les débats commenceront par les clubs de football victimes, suivis des plaidoiries des parties civiles, puis des réquisitions du ministère public. Enfin, la défense présentera ses arguments avant que le tribunal ne rende son verdict.

L’ampleur de cette escroquerie est considérable, tant par le nombre de victimes que par la complexité de l’organisation. Les malfaiteurs ont créé un réseau bien structuré pour vendre de faux diamants et détourner de l’argent via des investissements en cryptomonnaies. Certains diamants étaient livrés aux acheteurs pour les rassurer, mais leur valeur réelle était souvent dix fois inférieure à ce qui était annoncé.

L’enquête a mis en lumière l’existence de 1999 comptes bancaires utilisés par les escrocs pour collecter les fonds des victimes. En collaboration avec la justice israélienne, plusieurs arrestations ont eu lieu, mais l’enquête se poursuit encore aujourd’hui.

Ce procès représente une lueur d’espoir pour les nombreuses victimes, qui espèrent obtenir justice et récupérer une partie de leur argent. Bien que 2,8 millions d’euros aient déjà été saisis, les plaignants attendent des indemnisations plus importantes. Le verdict de cette affaire pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les escroqueries en ligne, qui prennent de plus en plus d’ampleur, notamment avec la montée des cryptomonnaies et des investissements frauduleux.

Le procès « Carton Rouge » qui s’ouvre aujourd’hui à Nancy est l’un des plus grands de son genre en France. Les prochaines semaines seront décisives pour établir la responsabilité des prévenus et déterminer l’étendue des réparations financières.

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