Un silence qui en dit long
Elle explique n’avoir jamais parlé de cette agression à son père, aujourd’hui Premier ministre. « J’ai peut-être voulu le protéger », souffle-t-elle. Pendant trois décennies, elle a gardé pour elle les souvenirs de cette violence extrême. Elle décrit une ambiance dans laquelle les victimes se sentaient seules et coupables. Personne ne parlait, même quand tout le monde voyait.
Bétharram, un système verrouillé
L’établissement religieux est décrit comme un lieu où l’autorité écrasait la parole.
C’était comme une secte, avec une pression psychologique constante.
Elle insiste sur le déni collectif qui régnait, renforcé par le poids de la religion et de la bourgeoisie locale.
Plus il y avait de témoins, moins on osait parler.
Son père, François Bayrou, a siégé au conseil d’administration de l’établissement dans les années 80. Il a affirmé ne jamais avoir été au courant. Pourtant, plusieurs témoignages affirment que des alertes ont été données. Une enseignante raconte même lui avoir parlé directement d’un cas de violence en 1995. Sa réponse aurait été : « Mais on exagère. »
En parallèle du témoignage d’Hélène, une plainte pour non-dénonciation de crime vise son père. Il doit comparaître devant la commission d’enquête le 14 mai. Ce contexte politique tendu n’empêche pas Hélène Perlant de le défendre sur un point :
Je suis certaine qu’il n’a rien compris à l’ampleur du système. Sinon, ce serait Dieu.
Un témoignage pour tous les autres
Hélène ne parle pas seulement pour elle. Elle veut que son témoignage serve à comprendre comment un système de silence peut se construire. Elle compare Bétharram à une machine où les adultes se sont aveuglés pour ne pas avoir à admettre l’impensable : avoir confié leurs enfants à des agresseurs. Elle dénonce aussi l’inaction de l’Église, qu’elle accuse de se défausser après chaque scandale.
Avec son histoire, Hélène Perlant pose une question essentielle : à partir de quand la violence devient-elle normale ? Ce qu’elle raconte, c’est l’effacement de la souffrance, la peur de briser l’image d’un père ou d’une institution. Et c’est justement pour cela qu’elle parle aujourd’hui. Pour que d’autres n’aient plus à se taire.