La production de cocaïne a atteint un record en 2023 en Colombie

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La production de cocaïne en Colombie a atteint des niveaux sans précédent en 2023, avec une augmentation spectaculaire de 53 % par rapport à l’année précédente, selon un rapport conjoint du gouvernement colombien et de l’ONU contre les drogues (ONUDC). Cette année-là, la production de chlorhydrate de cocaïne a atteint un record de 2 664 tonnes. Ce chiffre alarmant souligne l’ampleur croissante du problème en Colombie, pays leader dans la production mondiale de cocaïne.

Une augmentation des surfaces cultivées de coca

La production de cocaïne est directement liée à l’expansion des cultures de coca, plante à partir de laquelle est extraite la drogue. En 2023, les zones cultivées de coca ont augmenté de 10 %, couvrant désormais 253 000 hectares du territoire colombien. Cette hausse marque une progression plus généralisée à travers les régions du pays, contrairement à l’année précédente où l’augmentation était concentrée dans le département de Putumayo, situé à la frontière de l’Équateur.

Les zones de culture sont réparties dans 16 des 19 départements où la présence de coca a été signalée. Parmi les régions les plus touchées, on retrouve le Cauca et le Nariño, dans le sud-ouest du pays, qui sont également des zones où la présence des groupes armés est forte.

Outre son impact social et économique, la culture de la coca pose un sérieux problème environnemental. Une partie de la production se situe dans des zones protégées, avec 4 % des cultures situées dans des parcs nationaux, 10 % dans des réserves indigènes, 14 % dans des réserves forestières et 20 % sur les terres des communautés noires. Cette expansion des cultures de coca menace non seulement la biodiversité, mais également les écosystèmes essentiels à la conservation des ressources naturelles en Colombie.

La situation est particulièrement préoccupante à l’approche de la COP16, un forum mondial sur la biodiversité qui se tiendra à Cali. La production de cocaïne et l’exploitation illégale de ressources naturelles, comme le bois et les métaux précieux, sont intrinsèquement liées, aggravant les effets destructeurs sur l’environnement et sur les communautés locales.

L’influence des groupes armés et du narcotrafic

La production de cocaïne en Colombie est également liée à la présence de groupes armés, qui contrôlent 98 % des zones de culture de coca. Ces groupes, parmi lesquels figurent l’ELN (Armée de libération nationale), les dissidents des FARC marxistes et des paramilitaires, continuent de prospérer grâce aux revenus générés par le narcotrafic. Ils sont fortement impliqués dans le commerce transnational de la drogue, ce qui alimente une économie illicite florissante dans plusieurs régions du pays.

Dans certaines villes proches des zones de production, les revenus tirés de l’économie illégale de la cocaïne représentent plus de 42 % de l’économie locale, révélant ainsi l’emprise du narcotrafic sur la société colombienne. Le rapport souligne également que certaines régions de production de cocaïne sont devenues des points stratégiques pour d’autres activités illégales telles que l’exploitation minière illégale, la traite des êtres humains et le blanchiment d’argent.

La consommation mondiale de cocaïne en hausse

Cette augmentation record de la production de cocaïne intervient dans un contexte international où l’offre et la demande de cocaïne sont en pleine expansion. Selon le rapport, la consommation mondiale de cocaïne a augmenté de 20 % au cours des dix dernières années. Les plus grands marchés de consommation sont situés en Amérique du Nord, en Europe occidentale et en Amérique du Sud. Ces régions concentrent le plus grand nombre d’usagers, avec une forte demande qui alimente la production et le trafic.

Malgré une chute des prix dans certaines régions de Colombie, la demande mondiale reste forte, contribuant ainsi à maintenir la production à des niveaux élevés. Les prix des dérivés de la feuille de coca, comme la pâte de coca et la base de cocaïne, sont historiquement bas dans certaines zones du pays. Dans d’autres, l’absence d’acheteurs a même entraîné la constitution de stocks de produits dérivés de la coca, utilisés comme monnaie d’échange dans les communautés locales.

Face à cette situation, la Colombie se trouve dans une position délicate. Le pays, premier producteur mondial de cocaïne, fait face à des défis complexes. L’augmentation de la production et de la culture de coca a des répercussions multiples, à la fois sur l’environnement, la sécurité publique, l’économie et les relations internationales. Les autorités colombiennes, avec l’appui de la communauté internationale, devront redoubler d’efforts pour tenter de contrôler cette situation qui semble hors de contrôle.

L’évolution de la politique antidrogue en Colombie sera cruciale dans les années à venir pour tenter de juguler cette hausse sans précédent de la production de cocaïne.

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