Une course à l’espace relancée par la Chine
Ce n’est plus un secret : la Chine prépare activement sa première mission lunaire habitée, prévue autour de 2030. Face à cette ambition, les États-Unis entendent reprendre une longueur d’avance. La NASA s’apprête à lancer un appel à projets pour la conception d’un réacteur nucléaire lunaire de 100 kilowatts. Les entreprises privées intéressées auront 60 jours pour soumettre leurs propositions.
Ce réacteur, capable de produire de l’électricité pendant les longues nuits lunaires (environ 14 jours terrestres sans soleil), pourrait devenir un élément central des installations humaines sur la Lune. Il assurerait un support énergétique pour les communications, les systèmes de survie, les habitats, et potentiellement pour l’extraction de ressources locales.
Des enjeux technologiques et géopolitiques majeurs
La mise en service d’un réacteur nucléaire sur le sol lunaire ne se limite pas à un exploit technique. Elle s’inscrit dans une logique stratégique. Un document interne de la NASA met en garde contre le risque que la première nation à déployer une telle infrastructure puisse établir une zone d’exclusion autour de son installation, limitant les mouvements des autres puissances spatiales.
« Le pays qui déploiera le premier un réacteur nucléaire sur la Lune pourrait en profiter pour contrôler l’accès à certaines zones stratégiques. »
Ce scénario est pris très au sérieux à Washington. Il relance les débats sur la souveraineté spatiale et la nécessité pour les États-Unis de garder leur avance technologique dans un contexte de compétition avec la Chine, mais aussi la Russie.
Le programme Artemis et le retour sur la Lune
Ce projet s’inscrit dans le cadre plus large du programme Artemis, dont l’objectif est de ramener des astronautes américains sur la Lune pour la première fois depuis 1972. Un atterrissage habité est prévu pour 2027, mais le calendrier reste soumis à de nombreuses contraintes, notamment politiques et budgétaires.
La NASA considère ce réacteur comme une infrastructure clé pour le développement d’un écosystème lunaire durable. Il pourrait également servir de test pour de futurs déploiements sur Mars, où l’énergie solaire devient encore moins fiable.
Une technologie testée depuis des années
Ce n’est pas la première fois que la NASA explore le potentiel de l’énergie nucléaire dans l’espace. Des projets de micro-réacteurs ont déjà été testés sur Terre, comme le système Kilopower, capable de produire entre 1 et 10 kilowatts. Le projet actuel prévoit un saut d’échelle important, avec une puissance de 100 kilowatts.
Le concept de centrale nucléaire lunaire avait aussi été évoqué par la Russie il y a plusieurs décennies. Aujourd’hui, l’avantage technologique semble pencher du côté américain, à condition de concrétiser le projet à temps.
Des entreprises privées en première ligne
La NASA ne compte pas développer ce réacteur seule. L’agence veut s’appuyer sur l’écosystème spatial privé, déjà très actif avec des acteurs comme SpaceX, Blue Origin ou Lockheed Martin. L’appel d’offres devrait être rendu public d’ici septembre 2025, avec un premier prototype attendu avant 2030.
Ce partenariat public-privé reflète une nouvelle manière de concevoir l’exploration spatiale : plus agile, plus compétitive, et orientée résultats. L’objectif est clair : maintenir la domination américaine au moment où de nouveaux acteurs cherchent à imposer leur vision de la conquête spatiale.
Une Lune bientôt très convoitée
Si ce projet voit le jour dans les délais, la Lune pourrait devenir dans les années à venir un terrain d’expérimentation pour des technologies de pointe, mais aussi un espace stratégique de rivalité géopolitique. Et le réacteur nucléaire pourrait bien en être le cœur battant.